[Annecy 2023] Le programme de Matthieu

On nous avait annoncé le monde d’après il y a quelques années… Finalement, on s’est retrouvé avec le monde d’avant ! Mais le retour à la normale n’a pas que des mauvais côtés : après trois années faites de crise sanitaire et d’obligations personnelles, l’équipe de Courte-Focale.fr peut enfin faire son retour à Annecy pour profiter de son festival. Et l’on sent que ce dernier prépare un retour en grande forme. Il se paye une journée supplémentaire en commençant dès le dimanche. La compétition officielle (sur laquelle nous allons revenir) monte à onze films. Quant aux séances évènements, c’est l’avalanche. Du côté des plus gros studios, Pixar présentera Élémental, Dreamworks Ruby l’ado Kraken et les premières images du troisième épisode des Trolls, Disney un aperçu de Wish. On aura également droit aux avant-premières d’adaptation de manga culte avec Blue Giant, The First Slam Dunk et Détective Conan : le sous-marin noir. Naoko Yamada (l’excellent Silent Voice) et Denis Do (lauréat du cristal du long-métrage en 2018 pour Funan) reviennent avec respectivement le court-métrage Garden of Remembrance et le moyen-métrage La Forêt de Mademoiselle Tang. A cela s’ajoute les projections de Deep Sea dont la bande-annonce n’a pas manqué de nous enthousiasmer, Nimora (l’ultime production Blue Sky récupérée par Netflix à la suite de la fermeture du studio) et une copie de travail du très attendu Ninja Turtles : Teenage Years. Et ça n’est là qu’un échantillon de tout ce qui est annoncé. Inutile de préciser que les choix seront difficiles fait face à un tel festin. Je devrai personnellement faire l’impasse sur la sélection des work-in-progress mais j’en laisserai les soins à Anaïs et je ferai tout mon possible pour voir la présentation des très alléchants Fixed de Genndy Tartakovsky et The Lord of the Rings : The War of the Rohirrim. Bref, cette édition placée sous le signe de l’animation mexicaine s’annonce des plus opulentes. Et maintenant, revenons en détail sur la compétition officielle.

Sirocco et le Royaume des courants d’air – Benoît Chieux (France, Belgique) : En 2020, nous avions eu l’occasion de voir le WIP consacré à ce projet de Benoît Chieux (Tante Hilda). La présentation semblait alors plus s’adresser aux potentiels investisseurs qu’aux spectateurs. De toute évidence, celle-ci a réussi à convaincre puisque le film fera donc l’ouverture du festival. Il reste à savoir si notre prédiction de l’époque se réalisera. Est-ce que ce long-métrage basé sur une ambitieuse représentation du vent saura dépasser une histoire apparemment très classique ? Réponse sur place.

Art College 1994 – Jian Liu (Chine) : Le festival a ses habitués et Jian Liu en fait partie. Après Piercing I et Have a Nice Day, il revient donc avec son troisième long-métrage. Son cinéma semble ici prendre une nouvelle direction puisque comme son titre l’indique, il se concentrera sur des étudiants au milieu des années 90. Le résultat a l’air moins âpre que ses prédécesseurs mais les quelques images disponibles montrent que le réalisateur est toujours fidèle à son style statique.

Four Souls of Coyote – Aron Gauder (Hongrie) : Il est connu que l’objectif d’un festival est de donner une visibilité à des long-métrages venus d’ailleurs. C’est assurément le cas pour le film d’Aron Gauder qui se pose d’office comme une des grosses attentes de la compétition officielle. A partir d’une histoire d’adolescents amérindiens s’opposant à un projet d’oléoduc, le cinéaste semble tisser une réflexion sur le monde où se mêlent des aspects écologiques, spirituelles et historiques. La bande-annonce promet ainsi une expérience visuelle et narrative des plus enthousiasmantes.

Kensuke’s Kingdom – Neil Boyle et Kirk Hendry (Royaume-Uni, Luxembourg, France) : Le film de Neil Boyle et Kirk Hendry se pose également comme une autre grosse attente. Pour le moment, on ne dispose malheureusement d’aucune image de cette adaptation du roman de Michael Morpugo (auteur notamment de Cheval de guerre). Néanmoins, cette variation de Robinson Crusoé est alléchante avec son casting vocal comportant Cillian Murphy, Sally Hawkins et Ken Watanabe.

La Sirène – Sepideh Farsi (Allemagne, Belgique, France, Luxembourg) : Il devient de plus en plus habituel de voir des cinéastes en prise de vues réelles passés à l’animation et le festival d’Annecy a toujours pris à cœur de les accueillir. C’est ici le cas de l’iranienne Sepideh Farsi. Nous avions pu voir en 2021 le WIP consacré au projet qui dévoilait un travail visuel des plus précis. Le seul extrait en ligne en atteste de la qualité et on espère que le reste de cette histoire en temps de guerre suivra.

Linda veut du poulet ! – Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (France, Italie) : Sept ans après La jeune fille sans mains, Sébastien Laudenbach est un autre réalisateur qui fait son retour au festival. En collaboration avec Chiara Malta, il change de registre en passant du conte à la comédie sur fond social. Mais un extrait en ligne confirme qu’il n’en a pas moins conservé toute son identité visuelle et le résultat a l’air charmant.

Lonely Castle in the Mirror – Keiichi Hara (Japon) : on retrouve inévitablement des poids lourds en compétition et Keiichi Hara en est un. Pourtant, la prudence serait de mise au regard de la semi-déception causée par Wonderland en 2019. Mais on a envie d’être confiant devant ce nouveau film, même s’il semble s’inscrire dans le giron de son prédécesseur. La bande-annonce nous fait retrouver un argument fantastique avec un monde caché et une promesse de vœux qui servira à explorer ses personnages adolescents. On croise les doigts.

The Tunnel to Summer, the Exit of Goodbyes – Tomohisa Taguchi (Japon) : on serait tenté de rapprocher le dernier Keiichi Hara avec cette adaptation du manga de Mei Hachimoku. Sa bande-annonce nous fait retrouver une histoire d’adolescents avec un élément fantastique tournant autour de vœu et de sacrifice. Il faut espérer que la proximité entre les deux œuvres ne causera pas de désagrément à l’une ou l’autre.

Mars Express – Jérémie Perin (France) : On l’espérait, en se disant que ça sera pour l’année prochaine sinon. Mais non, le film de Jérémie Perin est bien prêt pour cette édition du festival d’Annecy. Il s’agit assurément de notre plus gros espoir de la compétition. La science-fiction n’étant un genre que ponctuellement investi par le cinéma français, on se réjouit de voir le réalisateur de Lastman s’y atteler. Le WIP de 2021 nous avait bien chauffé et on espère que le résultat sera à la hauteur.

The Inseparables – Jérémie Degruson (Belgique, Espagne, France) : il faut de tout pour faire un monde. C’est certainement pour cela que le festival accueille la dernière production de nWave Pictures. Sa bande-annonce affiche fièrement la présence de deux des scénaristes de Toy Story (et aussi des films Garfield mais chut !) et le film a tout l’air d’un rip-off du classique Pixar avec sa marionnette mythomane accompagné d’un nounours rappeur. On est déjà un brin fatigué rien qu’en lisant ce pitch…

The Inventor – Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon (Etats-Unis, France, Irlande) : On préfèrera reporter notre attention sur cette production indépendante (le nombre de producteurs est pour le moins impressionnant). Artiste ayant roulé sa bosse chez Disney et Pixar, Jim Capobianco a pu ainsi compter sur pas mal d’aide pour son premier long-métrage. Ce projet en stop-motion consacré à une partie de la vie de Leonard de Vinci accueille ainsi des animateurs qui ont travaillé pour Laika ou Wes Anderson. On retrouve même le réalisateur Tomm Moore à un poste de consultant. Quant au casting vocal, il incorpore Stephen Fry, Daisy Ridley et Marion Cotillard. Bref, le film a de très belles cartes en main.

 

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