
La mise en scène sait parfois épouser ce tempérament pimpant par des panoramiques ultra-secs ou quelques autres artifices parfois délicieusement too much. La limite de ce décalage et de cette déconstruction épisodique d’éléments des films policiers auxquels on est habitué, c’est qu’ils ne suffisent en rien à soutenir l’ensemble du film. Bozon n’a pas le courage de Tati – encore un Jacques auquel on voudrait l’apparenter. Le plaisir n’est que local, laissant monter un agacement global. Car à force de maintenir le spectateur hors du film, cette tendance formaliste à afficher aussi nettement les idées de fabrication du film crève dans l’oeuf tout attachement à l’intrigue en court et même aux évolutions des personnages. On peut bien tenter, comme le fait Olivier Père, de vanter les mérites des « pôles » de l’oeuvre pris un à un, mais cela ne rachète pas son manque de tenue globale. Le plus énervant, c’est que l’un des « pôles » en question tente de questionner l’état de l’intégration des immigrés algériens en France et n’en dise au final strictement rien. Il y a là comme un air de caution de « sérieux » indispensable à toute comédie produite dans l’indépendant français. Entre ça et la tendance de certains à excuser les faiblesses de Bozon par son « dandysme », on ne sait pas dire ce qui nous crispe le plus.
Gustave Shaïmi
Fréquenter les salles obscures seul et de manière pluri-hebdo dès ses 10 ans, ça laisse autant le temps d'être curieux de mille choses que de voir se dégager des préférences... Carbure à l'émotion avant tout et n'aime rien plus qu'un film à la fois exigeant et potentiellement populaire (Chaplin, Leone, Kubrick, Wilder, Kurosawa, Eastwood, etc.).
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