The Bling Ring

REALISATION : Sofia Coppola
PRODUCTION : American Zoetrope, Nala Films
AVEC : Emma Watson, Israel Broussard, Taissa Farmiga, Claire Julien
SCENARIO : Sofia Coppola
MONTAGE : Sarah Flack
PHOTOGRAPHIE : Christopher Blauvelt
BANDE ORIGINALE : Daniel Lopatin
ORIGINE : Etats-Unis
GENRE : Drame
DATE DE SORTIE : 12 juin 2013
DUREE : 1h30
BANDE-ANNONCE

Synopsis : À Los Angeles, un groupe d’adolescents fascinés par le people et l’univers des marques traque via Internet l’agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront pour plus de 3 millions de dollars d’objets de luxe : bijoux, vêtements, chaussures, etc. Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, Orlando Bloom et Rachel Bilson. Les médias ont surnommé ce gang, le « Bling Ring ».

On l’aura longtemps aimée, Sofia Coppola. On l’aura considérée comme une grande révélation dès son superbe premier film (Virgin suicides), où elle posait un regard magnifique sur l’adolescence. On l’aura même portée au zénith avec le triomphe critique et public de Lost in translation, ou longtemps admirée pour son goût d’un filmage doux et précis. On était même prêt à lui pardonner ses petits égarements, en particulier une certaine propension au radotage, qu’il s’agisse d’un film historique un peu trop cadenassé (Marie-Antoinette) ou d’un interminable comédie douce-amère sans sujet ni enjeux (Somewhere). Mais il est des sujets qui suffisent à révéler les limites de ceux qui tentent de s’y frotter, et avec The Bling Ring, la fille à Francis a tout simplement réalisé le film de trop. Presque un dérapage, pourrait-on dire, si l’on en juge par la violence avec laquelle sa vraie nature de cinéaste tend désormais à se révéler au grand jour. L’inspiration ? Un fait divers très connu de 2008 autour des cambriolages de plusieurs maisons de stars (de Paris Hilton à Orlando Bloom) par une bande d’adolescentes issues de la classe moyenne californienne. Le sujet ? Peut-être tout ce que l’Amérique refuse encore d’assumer sans pourtant jamais essayer de le dissimuler : une génération sans cervelle, si gavée de cette fascination envers la gloire facile et le matérialisme bling-bling qu’elle en perd toute notion du réel. Sujet fascinant qui, à bien y réfléchir, aurait sûrement donné des palpitations à Larry Clark ou Harmony Korine. Sauf que si le spectre de Spring Breakers s’invite parfois au détour de quelques scènes, la comparaison s’avère terrible : alors que le film de Korine déployait un entre-deux absolu sur le sentiment de fascination/répulsion engendré par le Spring Break, celui de Sofia Coppola fait mine de jouer la carte du dégoût et de la répulsion, mais uniquement à travers le fond. La forme, elle, reste la même qu’avant : sage, proprette, distanciée, pour ne pas dire coincée du derrière. Et donc, paradoxalement, réceptacle d’une effarante complaisance sur ce qu’elle filme.

Dans cet univers où l’odeur du fric semble toujours plus forte que les nappes polluantes qui surplombent la Cité des Anges, la mise en scène de Coppola ne crée aucune surprise : un rythme de neurasthénique qui tend à abuser du plan fixe et du cadre cadenassé à tous les niveaux, quelques effets de style destinés à rendre le montage plus nerveux (ce qui crée hélas un contrepoint maladroit avec le reste), des scènes de cambriolage qui se ressemblent toutes à force de se juxtaposer, l’ennui qui s’installe jusqu’à la torture, le propos d’origine qui s’étiole pour ne refléter rien d’autre que ses trois lignes d’intention, etc… En résumé, Sofia vise la démonstration sans pitié d’une jeunesse malade là où sa réalisation reste pourtant figée sur un tableau trop propre et trop beau pour pouvoir susciter un réel vertige. Si malaise il y a, on ne le trouve hélas que dans le jeu et les attitudes de ces personnages de pouffiasses, toutes irritantes dès qu’elles investissent le cadre, même si le talent des actrices reste indiscutable. Impossible de s’attacher à quoi ou à qui que ce soit, d’autant que les parents ne sont pas non plus épargnés (voir Leslie Mann dans le rôle d’une mère obnubilée par ses techniques d’éducation spirituelle), que toutes les strates sociales (les médias, la culture fashion, etc…) sont visées à la va-vite en cinq minutes, et que le regard à distance de la réalisatrice reflète hélas une absence totale d’investissement. A moins que l’idée de froisser un microcosme trop proche d’elle ait pu lui faire peur, qui sait… Au bout du compte, l’échec de The Bling Ring prouve ce que l’on soupçonnait depuis quelque temps chez Sofia Coppola : sa mise en scène ne peut pas s’adapter à des sujets casse-gueule (dont celui-là) ou se suffire à elle-même dans le cas de scripts dénués d’enjeux (c’était le cas pour Somewhere). Mais de là à penser qu’elle en viendrait à commettre involontairement un ersatz ciné de Gossip Girl

1 Comment

  • Kathnel. Says

    Je partage tout à fait l’analyse du film dans cet article. Bling ring, Bling bling, le film m’a vraiment agacée parce que j’ai éprouvé à travers ces scènes répétitives, la fascination de S Coppola pour cette jeunesse blasée , superficielle , tyrannisée par l’apparence. Jeunesse en dérive car gavée d’objets dont elle n’est jamais rassasiée dans un monde où les valeurs de soi sont vouées à l’obsolescence. J’aurais aimé une critique justement, au lieu de cette fascination qui rend le film « superficiel ».

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