JFK

REALISATION : Oliver Stone
PRODUCTION : Warner Bros, StudioCanal, Regency Enterprises
AVEC : Kevin Costner, Sissy Spacek, Tommy Lee Jones, Gary Oldman, Jay O. Sanders, Michael Rooker, Laurie Metcalf, Wayne Knight, Gary Grubbs, Joe Pesci, Kevin Bacon, Donald Sutherland, Jack Lemmon, Edward Asner, John Candy, Walter Matthau, Beata Pozniak, Lolita Davidovich, Tomás Milián
SCENARIO : Oliver Stone, Zachary Sklar
PHOTOGRAPHIE : Robert Richardson
MONTAGE : Joe Hutshing, Pietro Scalia
BANDE ORIGINALE : John Williams
ORIGINE : Etats-Unis
GENRE : Drame, Historique, Thriller
DATE DE SORTIE : 29 janvier 1992
DUREE : 3h09 (version cinéma) – 3h26 (director’s cut)
BANDE-ANNONCE

Synopsis : Le 22 novembre 1963, le président John F. Kennedy est assassiné à Dallas. Suite à cela, le procureur de la Nouvelle Orléans, Jim Garrison, remet en cause le rapport du commissaire Warren, lequel avait clôturé l’affaire en considérant qu’il s’agissait d’un acte isolé, commis par un certain Lee Harvey Oswald. Pourtant, avant d’être abattu à son tour, le suspect avait toujours nié sa culpabilité. Pour Garrison, il est impossible que l’homme ait agi seul. Persuadé qu’un complot se trame, Garrison explore des pistes occultées et comprend vite que la CIA, le FBI et le Pentagone ont joué un rôle déterminant dans cette affaire. Déterminé à faire éclater la vérité au grand jour, le procureur devient très vite l’homme à abattre…

L’assassinat de JFK en tant que moment de bascule pour une Amérique en froid avec ses institutions et pour un Oliver Stone donnant chair au plus passionnant et sophistiqué des thrillers politiques.

Je sais que beaucoup me traitent de fou. « Un sudiste ne songeant qu’à ses ambitions personnelles ! ». Eh bien, il y a un moyen très simple de savoir si je suis paranoïaque. Il suffit de demander aux deux grands bénéficiaires de l’assassinat, l’ex-président Lyndon B. Johnson et notre nouveau président Richard Nixon, de rendre publics les 51 documents de la CIA concernant Lee Harvey Oswald et Jack Ruby, ou le rapport secret de la CIA sur les activités d’Oswald en Russie et qui a été détruit pendant qu’on le photocopiait.

C’est une phrase parmi tant d’autres qui peuplent le long discours du procureur Jim Garrison (Kevin Costner) au cours de ce procès décisif intenté à Clay Shaw (Tommy Lee Jones), homme d’affaires de La Nouvelle-Orléans alors accusé d’appartenance à la CIA et de complicité dans l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy. Pourtant, à défaut d’être la phrase la plus mémorable de ce procès, son écho persiste davantage. Parce qu’elle sonne presque comme un aveu, pour ne pas dire comme une justification, de la part d’Oliver Stone. Comme si le cinéaste oscarisé de Platoon avait voulu clarifier sa motivation vis-à-vis de ceux, méfiants ou véhéments, qui n’en finissaient plus de percevoir mensonge et manipulation dans son enquête sur le mystère de l’assassinat de JFK. On considèrera que le pari fut gagné au centuple, la gigantesque controverse suscitée par le film de Stone ayant permis la création d’une loi visant à prolonger l’enquête sur l’assassinat et à activer la déclassification des fameux « documents cachés » avant l’année 2029. La découverte récente des deux nouveaux apports de Stone à cette affaire, à savoir le documentaire JFK : L’enquête et la série JFK : Un destin brisé, enfonce le clou sur une thèse évoluant toujours plus du subjectif à l’objectif, éclairant de facto les ambiguïtés du dossier juridique le plus vertigineux qui soit. Les mensonges et désaccords au sein de la commission Warren, la théorie absurde de la « balle magique », la disparition du cerveau de Kennedy, le fusil associé à Lee Harvey Oswald, l’origine des impacts de balle sur les corps de Kennedy et du gouverneur John Connally, le rôle et les connexions d’Oswald, les précédentes tentatives d’attentat contre le président, les dessous de l’invasion ratée de la Baie des Cochons et de la politique de retrait des troupes au Vietnam, les machinations supposées de l’ex-directeur de la CIA Allen Dulles, le coup de fil passé à la CIA par Robert Kennedy juste après l’assassinat de son frère, etc… Tout est ici creusé à partir de faits et de témoignages concordants sur les cercles concentriques liés à l’assassinat, faisant ainsi du film JFK la première étape d’un long chemin vers la vérité. Une vérité qui, au travers de ce film sorti en 1991, appelait autant la nuance que la prudence.

CIBLE VISÉE

Le film de 1991 se terminait sur un carton primordial : « Le passé n’est qu’un prologue. Ce film est dédié à la jeunesse en qui survit la quête de la vérité ». Juste avant, en guise de point final à son discours, le procureur Jim Garrison lâchait simplement un « Cela dépend de vous » en regardant non pas les yeux des jurés mais la caméra. De quoi en dire long sur la volonté du réalisateur d’interpeller la seule génération capable d’inverser le cours funeste des choses. Était-il désillusionné à ce point-là en opérant un tel passage de relais ? Le passé est une réponse. Des trois films que Stone aura consacré à des présidents américains (les deux autres étant Nixon et W.), JFK reste le seul où le sujet d’étude est moins l’individu en présence que tout ce qui caractérise son absence. Sujet invisible d’une enquête irrésolue, le président Kennedy a certes valeur de modèle et de vecteur d’utopies progressistes aux yeux d’Oliver Stone. Or, rétrospectivement, même en voyant ce dernier placer deux discours-clés de Kennedy aux extrémités du documentaire JFK : L’enquête (l’un en faveur de la paix mondiale, l’autre au sujet des droits civiques), on peine à y sentir une piqûre de rappel adressée à ses compatriotes. C’est plutôt l’amertume du cinéaste qui prédomine, et on sait depuis trop longtemps quelle en est l’origine. La guerre du Vietnam, colonne vertébrale sous-jacente de la filmographie d’un ex-idéaliste qui revint désillusionné de son expérience de soldat, forme ici l’arrière-plan du récit : en insistant fort sur le conditionnel, toute la théorie de Stone semble reposer sur le fait que la guerre du Vietnam aurait pu être évitée si Kennedy n’avait pas été tué. Théorie plausible au vu des preuves avancées (surtout des raisons financières bien trop vertigineuses pour être synthétisées en une phrase), mais surtout en raison de tragédies postérieures (dont les assassinats de figures progressistes comme Robert Kennedy et Martin Luther King) qui font se reboucler l’Histoire de l’Amérique à la manière d’un cauchemar sans fin, où toute résurgence d’un changement positif se voit trop systématiquement tuée dans l’œuf par on ne sait quel enjeu sournois pour ne pas se mettre à voir des conspirations partout. Et quand les médias et les institutions se mettent à pratiquer la désinformation afin d’influencer l’opinion publique à des fins d’ordre politico-économique (qui a dit « astroturfing » ?), on monte encore d’un cran.

L’actualité toujours plus paranoïaque du moment nous invite à redécouvrir JFK sous un œil attentif et apaisé, histoire de remettre quelques pendules à l’heure. A commencer par la place véritable à donner à l’assassinat de Kennedy, pas seulement dans l’Histoire américaine mais dans l’Histoire tout court. Ces sept secondes cruciales qui ont dessiné le point de bascule d’un « avant » vers un « après » pour l’Amérique (si l’on en croit les mots du romancier Don DeLillo) ne furent pas seulement l’origine d’un profond effet de méfiance du peuple américain envers ses propres institutions. A bien des égards, elles furent surtout à voir comme l’an 0 du complotisme tel qu’on le connait aujourd’hui. Ce terme polémique, Stone n’en déforme pas le sens parce qu’il en offre le meilleur angle selon trois axes parfaitement respectés : regarder à la loupe les versions officielles, en creuser les zones d’ombre par une multitude d’informations dénichées, de témoignages corroborés et de constats objectifs qui permettent de dessiner des hypothèses sensées (avec un usage minutieux des unités de lieu et de temps), et se servir in fine de cette base d’investigation pour remettre en cause les idées reçues. Soit tout le contraire du complotisme tous azimuts tel qu’il se propage de nos jours, que ce soit par des médias relayeurs de fake news idéologiquement orientées ou par des bruits de couloir en mode « café de commerce » qui travestissent l’apriori irréfléchi en vérité absolue.

Lors de la masterclass d’Oliver Stone au festival de Deauville en 2021, un journaliste anglais fit mention d’une théorie complotiste on ne peut plus tirée par les cheveux, évoquant la soi-disant ressemblance physique entre le président Kennedy et le policier J.D. Tippit abattu à peine une heure après l’assassinat (un détail qui serait selon certains à l’origine de la disparition du cerveau du président !) et la présence supposée de huit tireurs ce jour-là (dont certains planqués dans les égouts !). La réponse de Stone se fit avec le sourire : « C’est le problème des théories du complot : tout le monde a la sienne […] Il y a beaucoup de détails douteux, ce que le gouvernement adore car ça sème la confusion. J’ai essayé de rester logique et de suivre des pistes précises ». Tout est dit. Sur le fond, la thèse illustrée de Stone part à chaque fois d’une origine claire à laquelle il est possible de remonter – son documentaire et sa série sont encore plus limpides à ce sujet. Convaincu que Lee Harvey Oswald était un bouc émissaire incapable d’agir seul, démontant la thèse de la « balle magique » et révélant les manigances de la commission Warren (parmi laquelle siégeait Allen Dulles, auparavant viré de son poste de directeur de la CIA par Kennedy suite au fiasco de la Baie des Cochons), Stone fait évoluer ses suspicions vers des liens entre le président Lyndon B. Johnson, les services secrets américains, la mafia et un lobby militaro-industriel obsédé par l’intervention militaire au Vietnam. Excessif ? Peut-être, mais les pistes sont là, creusées, argumentées et pour la plupart validées par des documents officiels depuis déclassifiés.

Qui aurait surtout pu croire qu’un home-movie de vingt-six secondes allait devenir le film le plus analysé de tous les temps ? Ce fameux film, réalisé en 8 mm par le fabricant de vêtements Abraham Zapruder alors qu’il se tenait debout sur la pergola d’Elm Street au moment du passage de la limousine du président, offre une prise de vue inespérée de l’assassinat de JFK en temps réel. Les multiples éléments qu’il met en évidence, en particulier l’éclatement du crâne de Kennedy au travers des photogrammes Z-313 à Z-315, auront pesé très lourd dans le démontage littéral de la thèse officielle établie par la commission Warren. Son impact théorique est toutefois à prendre avec des pincettes. D’entrée, on sera en désaccord avec le journaliste et historien Jean-Baptiste Thoret qui s’obstine à déceler un lien (discutable) entre le film de Zapruder et l’émergence postérieure du cinéma gore réaliste. Sans doute vise-t-il plus juste en disant que la qualité assez déplorable de ce document vidéo provoque plus un écran de fumée qu’autre chose : on finit par « ne plus rien voir » à force de « voir sans arrêt », quitte à se mettre à imaginer tout et son contraire. D’autant que l’absence de piste sonore et de contrechamp, à laquelle s’ajoute la suspicion d’images trafiquées dans ce court montage, encourage plus que jamais à la méfiance. La seule vérité est ainsi celle qui finit tuée par un trop plein d’interprétations, ce sur quoi le 7ème Art, en tant que fabrique d’une illusion de réalité par l’aura mystificatrice du montage, ne manque pas de faire figure de coupable idéal aux yeux de critiques aveuglés par leur lecture-tartuffe du cinéma comme enregistrement du réel.

A revoir JFK aujourd’hui, il apparaît très clair que Stone a pris acte de cet état des choses. Sur la captation de l’assassinat de JFK durant le générique de début, son montage diaboliquement trompeur d’archives réelles et de reconstitutions filmées intègre en son sein un « trou noir » sur lequel les bruits du fusil armé et du coup de feu se font tout à coup entendre – une vraie stratégie de hors-champ visuel dont Michael Moore fera également usage au début de Fahrenheit 9/11. L’idée générale est là : occulter le moment de l’assassinat pour finalement passer un film entier à tourner autour, en orbite toujours plus rapprochée d’un centre de gravité aveuglant qu’il s’agit de (re)définir et de (re)dessiner autant que possible jusqu’à ce qu’une circonférence assez précise puisse être établie. La philosophie d’historien qui caractérise Stone rejoint ici à plus d’un titre celle d’un Costa-Gavras, visant non pas à se faire à l’idée d’un mystère irrésolu mais à combler coûte que coûte le vide par la recherche de la vérité. Et de ce fait, en faisant le choix – ô combien risqué – de mettre en scène le contrechamp du film de Zapruder lors du procès final via des choix de montage quasi identiques, il cherche ainsi moins à manipuler son audience en exhibant sa thèse officielle comme étant la vérité (au sens de « preuve réelle et indiscutable ») qu’à susciter le vertige sur ce qui se doit d’être vu et/ou perçu à travers les images, tantôt concrètes tantôt mentales. Comme l’équipe de Jim Garrison se retrouve contrainte à passer de l’autre côté du miroir pour avancer le plus possible vers la vérité (« Le blanc est noir et le noir est blanc »), le cinéaste sait pertinemment que la mise en pratique (et à contribution) de son art de la manipulation n’est pas sans risque, et que seul un savant effet de distanciation peut permettre à sa démarche de tutoyer le vrai. Ce qu’il illustre tout au long de JFK est ainsi sans appel : ce que l’image et le montage propagent n’est que supposition (un mot qui revient plusieurs fois pendant le film) et c’est la forte hypothèse qui supplante en fin de compte l’absolue certitude.

TIR GROUPÉ

Le système narratif ici mis en place, imbriquant ad nauseam le temps présent (image de qualité normale) et le temps passé/conditionnel (image NB ou couleur en résolution très inégale) sur plus de trois heures de projection sans le moindre temps mort, peut se lire a posteriori comme le point de départ de la période expérimentale de la filmo de Stone, prolongée de façon magistrale avec Tueurs-nés, Nixon, U-Turn et L’Enfer du dimanche. Au sein de cette pratique que l’on peut juger perturbante surgit la volonté du cinéaste de se mettre en accord, à des fins de postmodernisme, avec les nouveaux régimes d’images – en particulier ceux du clip surdécoupé et de la célérité télévisuelle à la sauce MTV. Plutôt que de conchier sans recul ni état d’âme ce qui peut s’apparenter à de la bouillie d’images qui bougent, la raison voudrait qu’il soit préférable d’en tirer profit afin d’en faire naître un nouveau mode de lecture. Ce kaléidoscope d’images de sources différentes (film de fiction, Super 8, 16 mm, 35 mm, vidéo basse définition, archives télévisées…), elles-mêmes soumises à un rythme d’images/seconde très variable d’un plan à l’autre, sert-il à inciter que toutes les natures d’images peuvent être convoquées dans tous les cas de figure ? Non. Cela sert au contraire à remettre en perspective la notion de lisibilité telle que définie de façon ancestrale par le cinéma : dès lors que la profusion insensée des éléments tend à brouiller la lisibilité de l’action ou du plan, la notion même de plan se perd dans une zone grise.

On en prend très bien le pouls au travers de multiples articulations de ce découpage incroyablement complexe et sophistiqué que Stone et ses deux monteurs (oscarisés à juste titre) ont mis en place. Prenons l’exemple de ces images furtives d’un orage en Louisiane, casées dans le montage lorsque Garrison démonte l’argument de David Ferrie (Joe Pesci), lequel prétend alors avoir fait du patin-à-glace le jour où il y avait pourtant l’un des plus violents orages de l’année. Ce n’est pas là une façon pour Stone de surligner un argument ou de paraphraser bêtement ce qui est énoncé, mais un moyen brillant d’intercaler une image dite « mentale » entre ce qui est dit et ce qui est suggéré, cette image servant ainsi à affaiblir l’argument et à chuchoter le contre-argument. Même verdict pour ce trucage progressif à base de cutter et de photomontage qui suit le récit du parcours d’Oswald jusqu’à son inculpation pour assassinat, ou encore pour cette réinterprétation réitérée du rôle et de la position d’Oswald au sein du dépôt de livres de Dallas au moment de l’assassinat – la scène se retrouve alors rejouée et recorrigée au gré des hypothèses et des indices, sans certitude aucune. En agissant ainsi, Stone valide à son corps défendant cette contre-théorie selon laquelle on ressent dans JFK moins une vérité livrée clé en main que le brouillage conscient de cette même vérité. Dans la mesure où cette dernière – conjuguée au conditionnel, on insiste – repose ici sur un gigantesque vertige plastique alimenté par la force du découpage, on peut même dire que Stone s’est fait, le temps d’un film, l’égal involontaire d’un Brian De Palma (lequel avait d’ailleurs théorisé l’assassinat de JFK dans Greetings), acquis depuis trop longtemps à la lecture théorique de l’image en tant que manipulation. Et c’est ainsi au documentaire et à la série que Stone réserve le droit et l’honneur de remettre la vérité vraie sur le devant de la scène après avoir pratiqué une longue inception de 3h26 dans le cerveau de son spectateur au travers du film de 1991.

Il est sûr qu’une telle matière composite a quelque chose de profondément vertigineux, tant et si bien que revoir le film plus d’une dizaine de fois (ce qui a été le cas de l’auteur de ces lignes) ne permettra sans doute jamais d’en synthétiser toute la richesse cachée. Sans doute parce que la vérité est ailleurs, dissimulée dans tout ce que le hors-champ garde prisonnier et ce que le non-dit réduit au silence. Seule compte ici l’immersion dans une enquête obsessionnelle où se mêlent incarnations de la bravoure et de la justice (Kevin Costner est ici filmé et cadré comme l’égal de James Stewart), déformation bouffonne en cascade (le trio Pesci-Jones-Bacon, à fond dans l’excès orgiaque et farcesque) et échos magistraux à tout un pan de la culture complotiste de l’Amérique (extraordinaire monologue d’un quart d’heure de Donald Sutherland en « gorge profonde » qui dévoile l’arrière-plan de l’affaire JFK). A chacun de tracer son chemin au cœur du labyrinthe, de dénicher l’authentifié derrière le supposé (ou l’inverse), de saisir en quoi l’enquêteur et le spectateur de cinéma se rejoignent dans la conscience de n’être que les prisonniers de leurs propres doutes. Ce qui tend en fin de compte à faire encore aujourd’hui de JFK le plus passionnant des thrillers politiques ne repose pas que sur les pistes que l’on vient d’explorer, mais bel et bien sur la maestria avec laquelle il garde intacte du début à la fin l’obsession commune de Jim Garrison et d’OIiver Stone : « Il faut que justice soit faite même si le ciel s’écroule ».

Test Blu-Ray

Il est étrange que le film le plus populaire d’Oliver Stone soit celui qui ait mis autant de temps à trouver le chemin du support haute définition. D’autant que le DVD édité par Warner avait très vite montré ses limites en matière de contenu éditorial dès sa sortie en 2001, cet éditeur se montrant toujours aussi peu motivé à l’idée de sous-titrer ses commentaires audio pour un public non anglophone. On ne voyait pas comment le transfert de ce matériel d’un éditeur à un autre allait changer quoi que ce soit, et là-dessus, sans surprise, les passionnants commentaires d’Oliver Stone sur le film ainsi que sur cinquante-cinq minutes de scènes coupées sont toujours dépourvus de sous-titres pour ce premier Blu-ray supervisé par l’Atelier d’images. En dehors de cela, les moyens ont été déployés pour rendre justice à la puissance du film, à son impact ainsi qu’à la place toujours indispensable qu’il occupe dans l’Histoire du cinéma américain. Trois disques ne sont vraiment pas de trop pour intégrer à cette édition HD ce qui constitue déjà en soi un double super-bonus : le documentaire JFK : L’enquête et la série JFK : Un destin brisé (en réalité la version longue du docu, fractionnée en quatre parties d’une heure), dans lesquels Oliver Stone fait œuvre de corrélation entre les pistes soulevées par son film de 1991 et les documents récemment déclassifiés. Difficile de sortir de ces deux gigantesques apports autrement qu’en adhérant pleinement à la suspicion d’Oliver Stone vis-à-vis des cibles qu’il avait auparavant désignées, même si le doute persiste sur de nombreux points. A ce programme déjà colossal en soi s’ajoutent trois entretiens de qualité variable : une interview trop succincte d’Oliver Stone, sa passionnante masterclass menée par le journaliste Marc Godin au festival de Deauville en 2021 (dans laquelle il s’exprime le plus souvent dans un français quasi parfait !) et un entretien dans lequel le journaliste Jean-Baptiste Thoret expose ses pistes analytiques sur l’assassinat de JFK, le film de Zapruder, le conflit vietnamien et la démarche d’Oliver Stone. Une édition estampillée « culte » à juste titre, autant indispensable de par son contenu éditorial qu’au vu de ses qualités techniques (le master HD et les pistes sonores DTS en 5.1 ont un impact si fort que l’on balance fissa le précédent DVD à la poubelle !), et disponible uniquement sur le site de l’Atelier d’images. A noter qu’une autre édition double Blu-ray sortira au même moment, contenant le film et le documentaire mais expurgée du Blu-ray de la série.

>>> Informations et précommande sur le site de L’Atelier d’images

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