
– Matthieu Ruard –

Quelle que soit l’origine de cette décision, ce qui frappe d’emblée est la place accordée à la danse. Alors que l’on pestait encore il y a quelques mois devant un Streetdance 2 qui avait tout compris en lui faisant prendre une place réellement consistante dans sa narration mais pêchant par une mise en scène inadaptée, il semblait couler de source que l’on allait enfin tenir une sorte de film de danse ultime, cristallisant les volontés artistiques de la saga. Il n’en sera rien. Retour dans les années 2000, retour à l’amourette dont tout le monde se fiche, aux incohérences et conflits superficiels encadrant les désormais rares passages musicaux aptes à assurer la pérennité du genre. Une déception – toutes proportions gardées – si l’on considère qu’une nouvelle fois, le soin apporté aux chorégraphies assure le spectacle. Scott Speer n’a certes pas le talent d’un Jon Chu qui pensait judicieusement son découpage (il y a parfois autant de plans chez Speer que chez Chu pour une lisibilité, et par extension un sens du spectaculaire, nettement supérieure chez ce dernier), ou son inventivité. On regrettera parfois les jeux d’eaux ou de lasers de Sexy dance 3D, remplacés ici par de beaux mais rares effets de lumière. Dans Sexy dance 4, c’est l’essence même des flash mobs qui conditionne ce parti-pris : costumes et lieux de rassemblements constituent le cœur de la mise en scène de Speer, loin des aspects pyrotechniques plus à même d’être employés sur les battles des deux précédents films.
Reste que tout ceci aurait très bien pu se montrer moins frustrant. On parle tout de même de magnifiques séquences ayant à cœur de cumuler différents styles de danse tout en proposant une soundtrack ouvertement moins traditionnelle qu’à l’accoutumée. Le fait est qu’a contrario de l’ouverture du film, Scott Speer nous rappelle incessamment que dans « flash mob »… il y a « flash », oui. De quoi faire retomber l’enthousiasme eu égard aux bien trop courtes durées de moments qui se révèleront bien entendu être les meilleurs du métrage. Et qui ne font de ce Sexy dance 4 qu’une compilation de futures vidéos à ne voir nulle part ailleurs que sur Youtube.

Passée la volonté de chacun de contacter une dernière fois des êtres qui leurs sont proches, l’évolution du tandem interprété par Steve Carell et Keira Knightley s’appuie moins sur la peur de l’apocalypse que sur la nostalgie, voire la mélancolie dont elle est le corolaire. On attend là une identification dont l’émotion voulue par la réalisatrice ne saurait se passer, de même qu’une mise en scène apte à nous faire ressentir les états d’âme de personnages partagés entre amour et désillusion. Le premier point est cependant tué dans l’œuf dés les premières séquences fonctionnant sur un sens de l’absurde idéal comme ressort comique (le départ de la femme de Dodge, l’ex de Penny, le flic zélé…), moins quand il s’agit de suspendre l’incrédulité. Un cocktail qui se serait probablement révélé cohérent dans d’autres mains mais qui plombe ici tout attachement envers l’univers, et par extension ceux qui le peuplent. En outre, l’incapacité de Lorene Scafaria à traiter ses thématiques par l’image se montre très vite rédhibitoire, essentiellement lorsque celles-ci marquent une étape dans la relation du duo (la solitude de Dodge en fin de métrage…). En résulte un récit froid et très peu évocateur, dont le plus grand défaut demeure encore la distanciation qu’il impose. Et qui, pour un contexte de fin du monde, ne sonne pas qu’un peu hors-sujet. Même quand on ne désire pas dépasser l’ampleur d’un téléfilm.

– Matthieu Ruard –


