Hallucinations Collectives 2021 – Le programme

Lorsque ces quelques tracts sont apparus sur les vitres du Comoedia (et aussi un peu partout dans la Ville des Lumières…), notre joie fut triple. D’abord parce que le caractère cash de ces slogans noirs sur fond rouge, affichés tels quels sans plus d’infos, avait tout du geste punk qui surprend et qui déroute. Ensuite parce que le sens de ces phrases était ouvertement sibyllin, pour ne pas dire ambigu, et qu’on imaginait aisément la tronche outrée de mamie lisant ça au détour d’une sortie chez le boulanger et roulant les sourcils au-dessus de son masque FFP1. Enfin – et c’est la raison la plus importante – parce que le nom de notre festival lyonnais préféré trônait fièrement en bas de chaque tract. La dernière fois qu’on s’était calés convenablement dans le train des Hallucinations Collectives, c’était il y a deux ans, et à cette époque-là, comment dire, le monde tournait encore à peu près rond. Aujourd’hui, c’est la planète entière qui est elle-même devenue une hallucination collective, à ceci près qu’il n’y a aucune raison de se réjouir, ses effets secondaires n’ayant pour le coup rien de jouissif mais tout d’anxiogène. Et depuis la réouverture des cinémas, force est de constater qu’on respire infiniment mieux en faisant le choix de s’aventurer dans une salle obscure. Reprendre annuellement racine dans nos belles séances hallucinées afin de se manger de la péloche tarée, marginale, subversive et perturbante, c’est une promesse que nous n’avions hélas pas pu tenir l’an dernier pour cause d’imprévus plus que pénibles, nous contraignant ainsi à louper le coche d’une édition un peu spéciale des Hallus. Cette fois-ci, pour nous, l’heure est au retour aux sources. Et du côté du festival, en raison d’un contexte toujours plus instable et imprévisible qui imposait logiquement de ne pas prendre trop de risques, c’est un programme plus ajusté et resserré qui a été concocté. Adieu la compétition longs-métrages, bye-bye la Carte Blanche offerte à un cinéaste culte, et bienvenue à une sélection qui renoue exclusivement avec l’âme originelle des Hallus : (re)mettre en avant des films originaux, inclassables, décalés, avant-gardistes, controversés ou carrément orphelins, auxquels nos médias conformistes n’accordent en général qu’un taux d’écoute et d’attention proche du zéro. Le programme file déjà un joli vertige au vu des titres révélés (on prévoit d’ores et déjà des ambiances survoltées pour les films « privés de sortie » !), mais en attendant, on prend notre mal en patience et on se muscle les cinq sens en attendant ce futur assaut de pulsions scopiques. Qu’on se passe donc le message : la meilleure « hallu » n’est pas celle que vous vivez chaque jour à l’extérieur depuis plus d’un an et demi, c’est bien celle qui vous vivrez à l’intérieur du Comoedia à partir du 31 août. Parce que ça va être grand, long et dur… Ben oui, la taille, ça compte.


Belle (Mamoru Hosoda)

OUVERTURE

Swallow the Universe de Nieto (France)
L’épopée grand-guignolesque d’un jeune enfant perdu dans les jungles profondes de Mandchourie…

Belle de Mamoru Hosoda (Japon)
Suzu est une adolescente complexée, mais dans le monde virtuel de U, Suzu devient Belle, une icône musicale suivie par plus de 5 milliards de followers…

CLÔTURE

Shin Godzilla de Hideaki Anno & Shinji Higuchi (Japon)
Un raz de marée inonde une partie de la côte de Tokyo. Après avoir pensé qu’il s’agissait d’une catastrophe naturelle, les scientifiques se rendent compte que le responsable de ce désastre n’est autre que Godzilla, une créature géante prête à tout détruire sur son passage…

LA SOIREE DE LA PROVOC’ ET DU MAUVAIS GOÛT

Une soirée sous la forme du traditionnel double programme du vendredi soir, ici construit en hommage à la légendaire nuit de Canal+…

Torrente de Santiago Segura (Espagne)
Torrente, ex-policier madrilene, cynique, poivrot et supporter invetere de l’Atletico, deuxieme equipe de football de la capitale, va tenter de retablir l’ordre et de faire respecter sa loi dans un quartier des bas-fonds…

Ichi The Killer de Takashi Miike (Japon)
Un chef de gang a disparu, ainsi qu’une énorme somme d’argent qu’il avait en sa possession. Ses hommes se mettent à sa recherche, pensant d’abord à un coup d’une bande rivale. Mais ils découvrent rapidement que c’est un tueur professionnel qui se cache derrière toute cette affaire…


Mind Game (Masaaki Yuasa)

PRIVES DE SORTIE

Des perles des 10/20 dernières années qui n’ont pas trouvé le chemin des salles, où elles prennent pourtant toute leur ampleur…

68 Kill de Trent Haaga (Etats-Unis)
Avec 68 000 dollars en poche, Chip pourrait refaire sa vie, mais ce serait compter sans sa naïveté affligeante et la ténacité de sa petite amie sociopathe…

Triangle de Christopher Smith (Royaume-Uni)
Un groupe d’amis part explorer le Triangle des Bermudes à bord d’un voilier. Après avoir essuyé une tempête titanesque, le bateau est à la dérive. Ils trouvent alors refuge sur un navire où ils ne découvrent pas âme qui vive et où le temps s’est arrêté. Pourtant, ils éprouvent une étrange sensation de déjà vu et réalisent très vite que quelque chose d’hostile les guette…

Cold Fish de Sion Sono (Japon)
Shamoto tient une boutique de poissons tropicaux. Sa deuxième femme ne s’entend guère avec sa fille, Mitsuko, et cela lui fait peur. Un jour, prise en flagrant délit de vol dans un supermarché, Mitsuko va trouver en la personne de Mr Murata, non seulement un sauveur, mais aussi un homme exerçant le même métier que son père mais à grande échelle. Il poussera même la bonté jusqu’à lui offrir un travail dans son magasin. Mais Mr Murata s’intéresse d’un peu trop près à cette famille qu’il embarquera pour un voyage au bout de l’horreur…

Dredd de Pete Travis (Royaume-Uni)
Dans un avenir proche, les Etats-Unis ne sont plus qu’un immense désert irradié. Mega City One est une métropole tentaculaire rongée par le vice. La seule forme d’autorité restante est représentée par les juges, une police urbaine qui cumule toutes les fonctions : flic, juge et bourreau. Une nouvelle drogue se propage, la Slo-Mo, qui permet de percevoir la réalité au ralenti. Sa distribution est contrôlée par Ma-Ma, ancienne prostituée, devenue baronne de la drogue. Dredd, le juge ultime, va se voir assigner une mission dans les environs de la tour de Ma-Ma et va devoir s’y confronter…

Hyper Tension 2 de Mark Neveldine & Brian Taylor (Etats-Unis)
L’histoire reprend là où s’est arrêté le dernier opus : Chev Chelios chute de l’hélicoptère et s’écrase sur une voiture. Par miracle, il est toujours vivant mais se fait kidnapper par des Chinois qui s’empressent de remplacer son cœur par un cœur artificiel, alimenté par une batterie externe indiquant le niveau de charge. Peu après cette opération, il parvient à s’enfuir et apprend que c’est Johnny Wang, un malfrat japonais, qui détient son cœur biologique. Commence alors une course contre la montre car son cœur artificiel, qui doit être régulièrement rechargé en électricité, a une durée de vie limitée…

Mind Game de Masaaki Yuasa (Japon)
Nishi, un jeune dessinateur de manga est amoureux depuis son plus jeune âge de Myon. Alors qu’il la raccompagne dans son restaurant, deux étranges yakuzas font tout à coup irruption et les menacent. La situation s’envenime et la vie de Nishi ne tient plus qu’à un fil lorsque l’un des yakuzas presse la détente. Loin de l’anéantir, ce coup mortel transforme Nishi, qui décide de reprendre sa vie en main. C’est le début d’un étrange voyage…


The Burning Buddha Man (Ujicha)

LE MYSTICISME PAR LA FACE EST

Le folk horror sous d’autres cieux, à travers une sélection de quatre films évoquant ésotérisme, mythes et rituels exotiques ; à la fois proches et pourtant si différents de notre propre paganisme…

Seeding of a Ghost de Kuen Yeung (Hong Kong)
Un chauffeur de taxi voit sa vie transformée le jour où il renverse un vieil homme, qui s’avère être un sorcier pratiquant de sombres rites maléfiques…

The Burning Buddha Man d’Ujicha (Japon)
Suite au meurtre de ses parents lors du vol d’une statue de Bouddha, la jeune Beniko, en quête de vengeance, va entamer un voyage entre mystique et fantastique…

La Puissance du Feu de Jamil Dehlavi (Royaume-Uni)
Un jeune musicien anglais s’aventure au cœur de la Turquie mystique à la recherche du Maître Flûtiste, dont on raconte qu’il a le pouvoir de détruire le monde par la musique…

Vij de Konstantin Ershov & Georgiy Kropachyov (Russie)
Alors qu’il s’apprête à quitter le monastère pour quelques jours de liberté, un novice facétieux est sommé d’aller veiller pendant trois jours et trois nuits le corps d’une jeune femme récemment décédée, dans un village reculé…

RÊVES EN RICOCHETS : ENTRE AVANT-GARDE ET EXPLOITATION

Trois rêveries sur pellicule, trois errances entre réalité et inconscient, fonctionnant en écho les unes aux autres…

Marée Nocturne de Curtis Harrington (Etats-Unis)
Un marin tombe amoureux d’une jeune femme qui interprète une sirène dans un spectacle de cirque. Il va découvrir que tous les précédents compagnons de la femme ont disparus… Est-elle réellement une créature mythologique issue des profondeurs de la mer ?…

Dementia de John Parker (Etats-Unis)
L’errance cauchemardesque d’une femme au lourd passif psychologique dans une nuit sans fin…

Le Carnaval des âmes de Harold « Herk » Harvey (Etats-Unis)
Alors que des jeunes gens jouent à faire la course en voiture, l’auto des filles tombe dans une rivière et les passagères se noient. Seule Mary en réchappe, profondément choquée. Comme elle se rend dans l’Utah pour jouer de l’orgue dans une petite église, elle aperçoit un fantôme au visage cadavérique. Bientôt, elle le voit partout et sent son esprit vaciller. De plus, elle est irrésistiblement attirée par un parc d’attractions désaffecté…


Sur le globe d’argent (Andrzej Zulawski)

CABINET DES CURIOSITES

Des pépites rares, des documentaires et du porno : que demande le peuple ?

Burroughs : The Movie de Howard Brookner (Etats-Unis)
Dirigé par Brookner dans le cadre de sa thèse universitaire, avec ses camarades Jim Jarmusch au son et Tom DiCillo à la prise de vue, ce documentaire est le seul consacré à Burroughs auquel l’auteur ait activement participé…

Mascara de Roberta Findlay & Henri Pachard (Etats-Unis) (séance interdite aux moins de 18 ans !)
Harriet, jeune secrétaire frustrée et esseulée à Manhattan, décide de reprendre sa vie sexuelle après une rencontre décisive avec une professionnelle tarifée et plus âgée. Leurs vies en seront chamboulées…

Popcorn de Mark Herrier (Etats-Unis/Canada)
Maggie, étudiante en cinéma, écrit des scénarios à partir de ses propres cauchemars. Afin de financer la réalisation d’un film, elle organise avec ses camarades, un festival du cinéma d’horreur. Dans un vieux cinéma, les étudiants découvrent un ancien film qu’ils s’empressent de projeter…

Crumb de Terry Zwigoff (Etats-Unis)
Documentaire unique et sulfureux, dont le narrateur est David Lynch, sur l’artiste underground Robert Crumb. Le film décortique les influences culturelles et les déchirures familiales qui ont inspiré cet artiste hors norme…

Decoder de Muscha (Allemagne)
En remplaçant la musique d’ambiance gentiment soporifique des lieux publics par de la noise industrielle, un « audio-terroriste » découvre que celle-ci pousserait les gens à se révolter contre le pouvoir en place…

Body Trash de Philip Brophy (Australie)
Les habitants de la paisible bourgade de Peebles Court deviennent les cobayes d’un scientifique qui les utilise pour tester son nouveau produit miracle. Ayant des effets bénéfiques au départ, les effets secondaires sont malheureusement plutôt catastrophiques. Après une phase d’hallucinations intenses, le produit provoque des ravages insoupçonnés : cordes vocales qui étouffent son propriétaire, placenta qui mange le fœtus d’une femme enceinte, corps qui fondent, explosion du pénis… La police enquête et tente de percer ce mystère…

Sur le globe d’argent d’Andrzej Zulawski (Pologne)
L’intrigue labyrinthique tourne autour d’un groupe de chercheurs de l’espace qui fuit la Terre pour trouver la liberté. Leur vaisseau se détruit et ils atterrissent sur la face cachée de la Lune. Ils meurent tous sauf un, lequel se retrouve au milieu de nombreux enfants adeptes du chamanisme et feux d’artifice. Ils le surnomment « Le vieil homme » et le considèrent doublement, tantôt en dieu tantôt en diable…

Fondu au noir de Vernon Zimmerman (Etats-Unis)
Passionné absolu, Eric ne vit que pour le cinéma. Suite à la perte de son précieux projecteur, il va tout bonnement se mettre à vivre le cinéma, en s’identifiant à ses stars préférées et en supprimant tous ceux qui l’ont humilié…

ET AUSSI…

– une sélection de courts-métrages en compétition :

Bubble de Haonan Wang (Chine)
Dar-Dar de Paul Urkijo Alijo (Espagne)
Ghost Dogs de Joe Cappa (Etats-Unis)
Helfer d’Anna Szöllősi (Hongrie)
Homo Erctattoos de Kim Tae-Woo (Corée du Sud)
La Coupure de Chloé Cinq-Mars (Québec)
Le Taxi de Sun City de Thomas Trichet (France)
Little Miss Fate de Joder von Rotz (Suisse)
Thin Blue Variety Show de Gretta Wilson (Etats-Unis)

– une exposition consacrée à l’illustrateur lyonnais Brulex et à son univers joyeusement surréaliste (visible du 31 août au 18 septembre dans l’espace rencontre du Comoedia).
– des dédicaces : Delphine Bucher, Fabien Mauro, François Cau

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