Die Hard : Belle journée pour mourir

REALISATION : John Moore
PRODUCTION : 20th Century Fox, Dune Entertainment, Giant Pictures
AVEC : Bruce Willis, Jai Courtney, Sebastian Koch
SCENARIO : Skip Woods
PHOTOGRAPHIE : Jonathan Sela
MONTAGE : Dan Zimmerman
BANDE ORIGINALE : Marco Beltrami
ORIGINE : Etats-Unis
TITRE ORIGINAL : A good day to die hard
GENRE : Action
DATE DE SORTIE : 20 février 2013
DUREE : 1h38
BANDE-ANNONCE

Synopsis : John McClane se rend en Russie pour libérer son fils emprisonné. Il apprend que ce dernier est un agent de la CIA hautement qualifié qui doit empêcher un vol d’armes nucléaires. Ils doivent affronter la mafia russe ensemble et faire face à un ennemi sur le point de déclencher une guerre.

Avec la sortie de ce cinquième opus, il y a un constat simple qui s’est définitivement installé : un Die Hard non réalisé par John McTiernan n’est pas un Die Hard. D’aucuns diront que cela a toujours été le cas mais l’étalement de la franchise sur désormais cinq films ne fait qu’apporter une absolue confirmation. Il est clair aujourd’hui que la saveur et l’originalité de la série est indissociable du style du grand McT. Sa mise en scène avec une gestion inégalée de la géographie a permis d’exploiter au comble du génie et de la jouissance des situations où un héros malchanceux est prisonnier d’une unité de lieu et de temps. Ce qui a fait de la série un monument du cinéma d’action se trouve là. Si on passe sur l’exception Renny Harlin, les Die Hard sans McTiernan n’auront donc pas suivi ce mode de pensée. Logiquement, une grande part de l’intérêt de la franchise fut perdue avec. La problématique vient d’une certaine méprise par rapport à l’origine de cet intérêt. Lorsqu’il était dirigeant de la Fox, Tom Rothman anima une série de présentation des grands films du studio. Evoquant le cas de Piège De Cristal à l’occasion de la sortie de Retour En Enfer, il reprend ce que beaucoup d’intervenants diront dans les bonus du DVD. Un Die Hard ne doit rien à son concept (décliné à outrance dans les 80’s et 90’s) mais se construit sur son personnage principal, le lieutenant John McClane.

La caractérisation du personnage a bien sûr eu un rôle dans l’attrait du film. Héros de western moderne, sa ténacité et son bagou en font une création jubilatoire. De là à le voir comme l’unique pilier fondateur de la franchise, il y a un monde. C’est pourtant ce que croiront tous les artisans du quatrième épisode. McClane se voit aménagé une histoire lui permettant de disserter sur son âge avancé en confrontant ses méthodes old school à des adversaires high-tech. Un confortable écrin permettant de ne pas trop s’attarder sur l’essence du personnage. Dans le commentaire audio d’Une Journée En Enfer, McTiernan mentionne que Bruce Willis avait une certaine arrogance à l’époque mais que celle-ci nourrissait son interprétation. Interviewé par Kevin Smith, Willis déclare qu’il s’est aujourd’hui assagi. En soit, cela veut dire qu’une part du personnage s’est estompé avec le temps. Si le personnage de McClane est le seul pilier fondateur de la franchise, celui-ci s’est affaissé et il convient de le compenser par d’autres éléments… comme donc le retour au style McTiernan. Une décision saine que ne prendra aucunement Belle Journée Pour Mourir.

En alignant les choix ineptes avec une réjouissance honteuse, John Moore ferait presque croire que Len Wiseman a brillamment su se réapproprier la franchise. En apparence, les deux épisodes partent pourtant sur des bases similaires en choisissant de sacrifier le principe d’unité de lieu de temps (Belle Journée Pour Mourir tente quand même de concentrer le gros de son action sur 24 heures). Rien d’étonnant jusque là comme on l’a expliqué plus haut. Ce qui l’est plus, c’est la manière dont le personnage de John McClane semble complètement déconnecté de l’intrigue. Pendant tout le premier acte, le personnage est pratiquement hors du film. Si on rappelle qu’il est le seul élément censé donner au long-métrage l’identité Die Hard, l’arnaque n’est pas loin. On en arrive presque à croire qu’il s’agit d’un montage 2 en 1 à la Godfrey Ho. Les scènes avec Willis viendraient d’une bobine égarée du quatrième opus et seront vaguement incorporées dans une autre production avec de nouvelles voix postsynchronisées pour faire le lien (ça expliquerait l’absence de conviction que met l’acteur dans l’intégralité de ses punchlines). Bien sûr, l’effet s’estompe lorsque McClane retrouve son fils et qu’ils mènent l’action de concert. Mais une impression demeure : McClane ne sert à rien. Son rejeton semble tellement apte à mener l’intrigue tout seul que papy Willis ressemble à un élément secondaire on ne peut plus dispensable. Evidemment, il y a une excuse héritée du quatrième épisode avec l’idée d’opposer le paternel aux méthodes improvisées avec un fils aux plans méticuleux et calculés. Encore faut-il cela dit en faire une exploitation ludique, ce qui est loin d’être le cas.

Plus que de briller de sa propre intelligence, la gestion de la géographie par McTiernan servait cela. Montrer clairement la mise en place des pièces sur l’échiquier, c’est créer une situation de suspense excitante jusqu’à ce que le coup fatal soit porté. Wiseman avait déjà refoulé ce principe et Moore le revendique encore plus. Secondé par son monteur attitré Dan Zimmerman (bras droit déterminant dans la médiocrité de ses films), Moore annihile toute compréhension de la topographie des lieux. Difficile par exemple de comprendre l’évasion du tribunal puisque malgré de nombreuses vues aériennes, le montage ne permet pas de situer clairement les différents éléments de l’action. Toutefois, cette inconsistance de la mise en scène devient carrément scandaleuse lorsqu’elle méprise le travail du reste de l’équipe. Le moindre mérite que l’on puisse faire à Wiseman sur le quatrième épisode est d’avoir conçu un certain nombre de plans spectaculaires rendant absolument justice au travail de ses techniciens. Les scènes d’action n’étaient peut-être pas particulièrement excitantes faute de la pertinence de leur découpage, mais l’investissement des différents partis dans leur réalisation se voyait clairement à l’écran et pouvait s’apprécier en lui-même.

Il n’en sera pas de même sur Belle Journée Pour Mourir. Moore et Zimmerman mettent un point d’honneur à desservir ce qui fut accomplit sur le plateau par les cascadeurs et l’équipe pyrotechnique. Car ce Die Hard comporte bien un certain lot de moments spectaculaires et qui ont été mûrement réglés. La plus représentative est la poursuite sur l’autoroute suivant l’évasion. A bord de leur camion, les bad guys bousculent nombre de véhicules et les traînent parfois sur plusieurs centaines de mètres. Sur quelques plans, on peut voir les efforts désespérés des conducteurs pour concrétiser cette séquence brutale et tonitruante sans passer l’arme à gauche en même temps. Or, ces efforts ne transparaissent que peu à l’écran car les choix de cadres et de coupes sont anti-spectaculaires ou ruinent la compréhension de l’action (le crash du camion à la fin de la dite scène se réalise on ne sait trop comment). Retour En Enfer pouvait encore se voir comme un divertissement banal mais amusant auquel le nom Die Hard fut apposé suite à une erreur d’impression. Même en lui octroyant la même indulgence, Belle Journée Pour Mourir apparaît comme un film minable ne rendant aucunement justice à l’argent qui lui fut octroyé.

C’est de très loin le plus grave défaut de cette production. Oui, on pourrait faire toute une liste de ses incohérences (visitons Tchernobyl sans combinaisons), de ses goûts bizarres (un climax en CGI piochant plus sur celui de Retour En Enfer que de Piège De Cristal) et de son humour foireux (on évite les gags embarrassants à rallonge lorsqu’on ne les maîtrise pas). Mais au bout du compte, ça n’est vraiment pas ça le pire.

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