[EN BREF] La maison de la radio

Lire notre entretien avec Nicolas Philibert

« Un film sur la radio, c’est un peu contre-nature », explique Nicolas Philibert. C’est précisément l’étrangeté et la complexité de l’enjeu qui semblent avoir attiré le documentariste à la Maison de Radio France. Comment mettre en images ce que celles-ci – par définition – ne peuvent capter ? Bien entendu, sur le plan du seul son, le film sait déjà captiver : le mixage constitue d’admirables flots de paroles, enchaînant ou entremêlant les voix dans une sorte de prologue très réussi. On est impressionné, également, par la maîtrise qu’ont les présentateurs ou les invités de leur voix, par la capacité qu’ils ont à la manier comme un véritable instrument, quitte à ce que la qualité de leur prestation audible nuise à celle de leur prestation visible. En effet, l’un des aspects les plus fascinants du film tient à ce quasi-oubli qu’ont certaines personnes de leurs expressions et de leurs gestes le temps qu’ils parlent. Les mouvements faciaux exagérés, ceux des membres, le maintien général du corps : tout semble se placer au service de la production la plus convaincante possible d’une prestation vocale. La dichotomie, chez les plus « pro », entre une voix posée et un corps qui peut exprimer parfois l’impatience ou l’agacement, est sûrement ce qui en impose le plus… Un peu comme cet Allemand qui dirige son choeur de chanteurs, les présentateurs d’émissions et Philibert lui-même sont chacun à leur manière des chefs d’orchestre voire de véritables compositeurs : le rythme du discours comme celui du film doivent être suffisamment vifs et prenants ou au contraire savoir freiner pour décupler la puissance de certains propos. Au rythme du découpage des diverses scènes d’entrevues s’ajoute celui, global, d’une œuvre qui sait décupler l’impression de proximité qu’elle amène en créant l’illusion d’une seule journée traitée (pour plusieurs mois de tournage). Occupant pleinement l’immense bâtiment parisien, suivant de près la filière de l’information de sa production à son émission, prenant le temps de créer des « personnages » et de nous les laisser apprivoiser, le documentariste excelle une fois de plus à restituer tout un système dans sa complexité.

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