La Princesse Et La Grenouille

REALISATION : Ron Clements, John Musker
PRODUCTION : Walt Disney Animation Studios, Walt Disney Company
AVEC : Anika Noni Rose, Bruno Campos, Keith David, John Goodman
SCENARIO : Ron Clements, John Musker, Rob Edwards, Greg Erb, Don Hall, Jason Oremland
MONTAGE : Jeff Draheim
BANDE ORIGINALE : Alan Menken, Randy Newman
ORIGINE : Etats-Unis
GENRE : Animation
TITRE ORIGINAL : The Princess and the Frog
DATE DE SORTIE : 27 janvier 2010
DUREE : 1h37
BANDE-ANNONCE

Synopsis : Un conte qui se déroule à la Nouvelle-Orléans, dans le légendaire quartier français, où vit une jeune fille nommée Tiana.

Brendan et le secret de Kells, Ponyo sur la falaise ou La tour au-delà des nuages : autant de merveilles qui rappelaient l’an dernier, à qui voulait bien l’entendre, que le cinéma d’animation en 2d était très loin d‘avoir rendu l’âme. Depuis 2004 et La ferme se rebelle, il fallait certes faire un effort de recherche pour s’émerveiller devant du travail sur cellulos, la japanimation et quelques productions européennes s’étant alors totalement substituées aux projets de Walt Disney, dernière major américaine à abandonner alors papiers et crayons. Une époque jugée révolue par John Lasseter, génial créateur d’imaginaire et héritier évident de Walt Disney a bien des égards, qui ordonna la réouverture du département 2d suite à sa nomination à la tête de Walt Disney Feature Animation. Et si Volt, star malgré lui redonnait dernièrement du baume au cœur aux fans du studio aux grandes oreilles, l’attente se portait finalement plus sur La princesse et la grenouille et ses dessins faits mains, pour un retour aux sources que d’aucuns espéraient heureux.

Hélas, en dépit d’une tribu d’animateurs expérimentés dont aucun long-métrage signé Disney n’avait pu se targuer depuis la retraite des neuf sages, l’œuvre de Ron Clements et de John Musker ne convainc guère que sur la forme. Car si La princesse et la grenouille puise ses inspirations narratives dans des chefs-d’œuvre tels que Pinocchio, Cendrillon ou Alice au pays des merveilles, jamais il n’en atteint la parfaite écriture scénaristique qui les caractérise. Le récit s’avère à ce titre un brin timoré a l’aune du passé glorieux de ses créateurs et manque à la fois d’une réelle ampleur comme de fortes personnalités pour la structurer. Certes, l’impression de retrouver les personnages excentriques qui ont pu façonner notre enfance fait plaisir dans l’immédiat ; il demeure néanmoins un sentiment d’inachevé face au manque d’agressivité comique et émotionnelle de cette belle galerie. Plus que de constater l’étrange immobilité de l’histoire contée, il est ici problématique de ne jamais voir évoluer le couple principal à la psychologie stagnante. Pas attachante un seul instant, la paire de grenouilles se voit voler la vedette par la figure maléfique de l’œuvre. Charismatique et mémorable, le maître des ombres se constituera sans mal son aura culte. En outre, La princesse et la grenouille semble n’être qu’une succession de saynètes anodines, ni drôles ni marquantes et oubliant parfois ses héros au gré des rencontres. Signe des grands de ce monde et ici marque absolue d’échec, le moindre intermède musical s’oublie dans la seconde.

D’une beauté absolue dans la composition de ses cadres, le film trouve en revanche un lieu paradisiaque quand aux retrouvailles avec ses ancêtres animés. Les reconstitutions d’une Nouvelle-Orléans marquée par une dualité économique cruelle se prêtaient même très bien à la noire ironie introduisant l’œuvre. En utilisant à des fins comiques et décalées le conte dont il s’inspire, le long-métrage s’autorisait même une certaine moquerie à l’égard du vœu fait à l’étoile dans Pinocchio, lui confinant dés lors un aspect terre-à-terre bienvenu eu égard à la situation sociale de l’héroïne. Si les festivités retrouvent évidemment une dimension traditionnelle par la suite, nul doute qu’un certain décalage lui aurait fait gagner en sympathie.
En l’espèce, La princesse et la grenouille reste une très belle déception. Dans les deux sens du terme donc, sa beauté corporelle ne compensant que difficilement son manque d’audace narrative.

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