[EN BREF] Dans la brume

Image gris foncé, acteurs au jeu blanc, longs plans fixes ou tout aussi longs plans-séquences : ça prend. Les grands festivals, lorsqu’ils connaissent des années creuses comme ce fut le cas pour Cannes en 2012, sélectionnent de manière un peu trop automatique ces produits-là du cinéma d’auteur. Le plus ironique, c’est que le précédent film de l’Ukrainien Sergei Loznitsa, le si mal nommé My Joy, l’avait été lors d’une précédente édition faiblarde du plus important festival au monde, en 2010. Le hasard du calendrier des tournages crée des saisons voire des années plus ou moins creuses et donne à certains réalisateurs une place qu’ils ne méritent pas sur la scène internationale. Les films de Loznitsa représentent une basse catégorie d’un cinéma lui-même de plus en plus déplaisant à mesure qu’il prend de la place dans l’agenda des sorties. C’est face à un vrai formatage que nous nous trouvons aujourd’hui : pas seulement du cinéma « mainstream » comme on le souligne bien assez souvent, mais également d’un cinéma « légitime ». Il suffit de noter que Dans la Brume et Au-delà des Collines du Roumain Cristian Mungiu, qui partagent de nombreux écueils, ont en commun leur chef opérateur pour constater le brassage visuel d’un pan du cinéma européen. Dans une durée globale qui s’étire à n’en plus finir et dans des plans qui eux-mêmes auto-contemplent leur durée « impressionnante », trois partisans biélorusses sont diversement marqués par la guerre. Deux d’entre eux viennent chercher le troisième pour l’exécuter après qu’il a selon eux vendu des camarades à l’ennemi. Si les premières séquences, qui mettent en scène une forme de consentement morbide face à la violence au nom d’une loi de l’honneur réussissent à fasciner un tant soit peu, la suite patauge à n’en plus pouvoir. Erigeant le flou narratif en marque de fabrique pompeuse (My Joy était presque impossible à suivre), Loznitsa insère de longs flash-backs sur chacun des trois personnages sans que ceux-ci présentent un autre intérêt que celui de servir un pseudo-propos sur le flou qu’induit la guerre quant à l’humanité des individus. 130 minutes de film et presque autant de minutes d’ennui pour ça, ça fait beaucoup…

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