
On passera très vite sur la première heure, retrouvant certes la fluidité d’un dialogue magistralement conçu et mis en scène, mais focalisé sur la smala qui entoure le couple (quelques amis décalés et croqués avec soin, que l’on croirait extraits d’un film de Julie Delpy !). Comme à chaque fois, tout ce qui nous intéresse reste les retrouvailles avec deux êtres que l’on a désormais l’impression de connaître intimement, mais qui, pour la première fois, délaissent leur délicieuse complicité d’antan pour se dire les choses de façon plus frontale. Entre un Ethan Hawke à la décontraction enfantine assez calculée et une Julie Delpy à la lisière du statut de chieuse complexée, on ne peut pas dire que la joie soit de mise. Mais c’était inévitable : Linklater prend ici soin de lézarder le concept des deux autres films sans le subvertir, histoire qu’une certaine vérité des sentiments et de l’amour, aussi sèche et douloureuse soit-elle, puisse enfin émerger de la conversation. Film de pure mise en scène autant que regard crépusculaire sur l’épuisement d’un couple, Before Midnight puise toute sa sève dans une sorte de cruauté douce, qui atteindra son paroxysme dans le plus simple des lieux : une chambre d’hôtel, à peu près aussi banale que ce couple de quadragénaires qui semblent, au fond d’eux, craindre de passer à côté de leurs envies respectives et de s’enfermer dans un rejet de la spontanéité. Cette ultime demi-heure, électrique à souhait, marquera-t-elle pour eux la fin définitive d’une histoire, la poursuite de la même ou le début d’une nouvelle ? Chut, à vous de l’imaginer… et de le projeter sur un écran de cinéma.
Guillaume Gas
Cinéphage hardcore depuis mes six printemps (le jour où une VHS pourrave de Tron trouva sa place dans mon magnétoscope), DVDvore compulsif, consommateur aguerri de films singuliers et/ou zarbis, défenseur absolu de Terrence Malick et de Nicolas Winding Refn, et surtout, enclin à chercher jour après jour dans le cinéma un puits infini de sensations, qu'elles soient fortes, émouvantes, agressives ou uniques en leur genre. Toujours prêt à dégainer ma plume pour causer cinéma et donner envie à chacun de se rendre dans cette délicieuse Matrice que l'on appelle une "salle obscure"...


