Annecy 2023 : The War of the Rohirrim (WIP)

De toutes les productions autour de l’univers de Tolkien actuellement en chantier, The War of the Rohirrim est certainement le plus intriguant et donc le plus excitant. Nous faisons le point sur le premier aperçu du projet au festival d’Annecy.

Cela fait bientôt dix ans que la trilogie The Hobbit s’est achevée, laissant son réalisateur Peter Jackson dans un état d’épuisement irrécupérable. Du côté des studios Warner et New Line Cinéma, c’est tout l’inverse ! Ces dernières années, ils ont montré une profonde envie de ne pas laisser la franchise reposer dans un tiroir. Le patrimoine de J.R.R. Tolkien se doit d’être exploité. Cela nous a déjà donné la boiteuse série Les Anneaux de pouvoir qui peina à convaincre derrière son emballage prestigieux. Et bien que ceux-ci ne soient pas clairement définis, il a déjà été annoncé de futurs films autour du Seigneur des anneaux. Et au milieu de ça, nous avons donc le film d’animation The War of the Rohirrim. Son annonce fut pour le moins inattendue et a de quoi susciter des réactions mixtes. D’une part, il y a de quoi s’exalter pour un projet consacré aux origines du gouffre de Helm. De l’autre, on garde en tête que ce genre de dérivé animé peut donner de fades produits de commande comme Highlander : The Search for vengeance de Yoshiaki Kawajiri. La présentation au festival d’Annecy a-t-elle éclairci la situation ? Oui et non.

Pourtant, il y a bien une présence qui tend à rassurer : celle de Philippa Boyens. La co-scénariste des long-métrages de Peter Jackson occupe le poste de productrice exécutive sur The War of the Rohirrim. Nul doute qu’elle fait ici office de gardienne du temple. Or, ce rôle n’est pas à minimiser par rapport à une production qui doit réussir à faire le lien entre les écrits de Tolkien, les films de Peter Jackson et l’esthétisme des animes. En soi, le début de sa présentation rassure puisque Boyens affiche toute son érudition en la matière. On le sent dans le choix de l’histoire pour ce projet animé. Peu désireuse de faire revenir des figures trop connues comme Frodon ou Gandalf, elle opte pour un moment de l’Histoire de la Terre du Milieu n’occupant que trois paragraphes dans les appendices des livres. Cette base offre une certaine liberté mais annonce aussi la présence de ces intelligentes trahisons qui ont fait la réussite des précédents films. Cependant, il convient de noter que Boyens ne s’occupe pas elle-même de l’écriture. En effet, celle-ci est confiée entre autres à sa fille Phoebe Gittins et elle affirme ne pas avoir voulu être trop intrusive sur son travail.

Peut-être cela vaut-il mieux puisque Boyens fait un aveu clair : elle n’est absolument pas une connaisseuse d’anime à l’inverse de sa fille. Au cours de la présentation, Boyens rappelle que le travail d’adaptation des œuvres de Tolkien repose énormément sur le rythme du langage. On a bien constaté qu’elle a su aiguiller brillamment la transition des romans vers les films live par cette compréhension des deux médias. Pour le bien de The War of the Rohirrim, il faudrait s’assurer qu’à cela s’ajoute la même compréhension des codes des animes. C’est d’autant plus primordial que le film s’inscrit ouvertement dans la continuité des œuvres de Peter Jackson. On retrouvera dans l’équipe des artisans devenus incontournables comme le designer John Howe ou Richard Taylor. Plusieurs décors dévoilés sont ainsi des copier/coller de ceux que nous connaissons. La salle du trône d’Edoras ou la tour d’Isengard n’ont par exemple absolument pas changé par rapport aux précédents films.

Bien sûr, les images sont plus parlantes que les explications. Malheureusement, les quelques séquences présentées sont dans un état trop brut pour permettre d’être pleinement jugées. La première correspond à la séquence d’ouverture et se révèle assez exaltante. Certes aidé par une musique temporaire nous ramenant les merveilleux accords d’Howard Shore, elle simule assez bien en animation les partis-pris visuels des films de Peter Jackson. On y retrouve notamment ses si typiques prises de vues aériennes. Le mariage 2D et de 3D épaulé par de la motion capture y semble convaincant. Le second extrait paraît lui plus alarmant avec une scène de dialogue en groupe dans un intérieur. Le réalisateur Kenji Kamiyama précise qu’il n’a pas coutume de faire de telle scène en animation japonaise. On peut dire que cela se ressent tant le découpage de la séquence est rigide et manque de rythme. Il y a de quoi s’interroger si le mariage des styles va donc correctement fonctionner. Le professionnalisme et la compétence du panel tend à rassurer mais The War of the Rohirrim a encore beaucoup à prouver.

Laisser un commentaire

Lire les articles précédents :
Annecy 2023 : du manga au film d’animation

Faire ressentir l'euphorie d'un match sportif et faire ressentir le génie de musiciens passionnés, ce sont les défis relevés par...

Fermer