[EN BREF] Le mur invisible

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D’un des romans les plus célèbres de la littérature autrichienne du XXe siècle, signé Marlen Haushofer (1963), Julian Roman Pölsler tire un premier film qui ne ressemble pas à grand-chose d’autre de connu. Quand bien même il a fait ses classes avec Ulrich Seidl et sous la houlette de Michael Haneke, comme il nous le raconte en entretien, son style est assez éloigné de cette austérité qui prédomine dans le cinéma autrichien connu en France ces dernières décennies. De l’histoire frappante d’une femme se retrouvant mystérieusement et littéralement coupée du monde lors d’un voyage dans les Alpes, il tire une œuvre qui repose beaucoup – à son meilleur – sur des sensations. Sensation, d’abord, de l’enfermement en question : le son est travaillé de sorte qu’un grondement vienne rappeler de manière récurrente la présence du mur invisible, comme un champ magnétique. La mise en scène, par un jeu de lumière qui isole souvent l’héroïne dans une faible source lumineuse au milieu du cadre, sait également participer de ce sentiment. Mais le plus réussi est certainement le glissement du personnage d’une détresse vers plus de « philosophie » dans son rapport à sa situation. La nature alentour, majestueuse, semble la pénétrer progressivement, comme elle le décrit en voix-off, et Pölsler atteint alors un début de grâce… Mais le problème majeur du film réside dans l’omniprésence d’un texte originel que le cinéaste sanctuarise à l’excès, au point que la voix-off nuise à l’angoisse qui pouvait potentiellement se dégager du film. Reste une étrangeté et une radicalité appréciables qui méritent à elles seules qu’on aille jeter un coup d’oeil à ce premier film de cinéma tardif mais prometteur.

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