
A la vue de la bande-annonce, on pouvait espérer un remake à la Massacre A La Tronçonneuse. Autrement dit, un film présentant un refus catégorique de s’aventurer dans le même registre que l’œuvre originale pour se concentrer sur la construction d’un spectacle simple mais solidement charpenté. Le film de Marcus Nispel n’avait ainsi aucune prétention à reproduire l’aspect malsain et dérangeant du film de Tobe Hooper. Le premier acte d’Evil Dead semble bien procéder à la même approche en s’éloignant de l’aspect train fantôme déchaîné initial. Pourtant, le cinéaste Fede Alvarez en reproduit bien malgré lui les effets. Le film aligne ainsi un festival d’effets gores (brillamment conçus) dans un même esprit de jubilation festif. Vomi de sang, plantes s’immisçant dans les parties intimes, automutilation, membres pourrissants à vue d’œil, long baiser nauséeux… Autant d’éléments tellement exagérés qu’ils semblent déplacés par rapport aux choix visuels et narratifs entrepris. Ces scènes d’horreur amenées comme de grands moments de réjouissance s’accordent en effet difficilement avec un esthétisme affichant un tel souci du détail et une histoire aux composantes d’un sérieux pontifiant. On pourrait dire que ce sont des aspects se retrouvant dans l’œuvre de Sam Raimi, sauf qu’ils agissent ici comme un révélateur d’un film au ton mal géré. Car si la bêtise et la lâcheté des personnages du film original fonctionnaient dans une intrigue à la simplicité béate, c’est moins le cas lorsqu’on tente de les plonger dans un récit proposant un semblant de travail dramaturgique (inexploité parce que sinon ça serait trop beau). Il est ainsi difficile de tenir face à la galerie de personnages les plus cons vus depuis Paranormal Activity. Leur stupidité tient toutefois surtout au caractère ultra-répétitif de l’intrigue, alignant ad nauseam les mêmes motifs jusqu’à atteindre les fatidiques quatre-vingts dix minutes. On saluera d’ailleurs ce concept formidable de glisser des références à son aîné… en les dupliquant par deux fois ! Une fainéantise qui arrivera bien à passer pour de la générosité chez les moins regardant…
Matthieu Ruard
Marqué par la découverte des Dents De La Mer à cinq ans, je suis depuis resté en émerveillement devant la capacité du 7e art de faire croire à l’incroyable. Qu’importe le genre et la manière tant que l’émotion répond présent… mais s'il y a des scènes d’action avec plein de trucs qui pètent, c’est quand même mieux.
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