[ANNECY 2016] Nerdland, La jeune fille sans main, Bilal

Nerdland, de Chris Prynoski

Oui, le film présente de manière caustique cette société occidentale qui est obnubilée par les réseaux sociaux et au passage, c’est le tout Hollywood qui en prend pour son grade. Paradoxe que la pop-culture aime entretenir : simultanément, elle se fait vecteur d’une culture mi-geek, mi-médiatique. Mais on retrouve avec plus de finesse encore la même satire dans la série Netflix Bojack Horseman qui a le mérite de faire contraster son humour, tantôt brut, tantôt pince-sans-rire, avec une mélancolie planante. Les personnages y sont attachants par leurs contradictions et désillusions, ce qui est loin d’être le cas dans Nerdland où aucun personnage secondaire ne parvient vraiment à exister. Néanmoins, ce film de potes plaira aux amateurs de blagues graveleuses. (G.L : Je confirme)

La jeune fille sans mains, de Sébastien Laudenbach

C’est joliment réalisé, on aime par exemple voir l’ombre des personnages s’imprimer dans le décor sous forme de peinture pastel. Cependant, les coups de pinceaux de La Jeune Fille sans mains ne sont pas indélébiles et à la fin du festival, leur couleur semble déjà ternie. Est-ce que l’on se souviendra de cette adaptation ? Probablement pas. On se demande même si celle du conte Celui qui a deux âmes, dans la sélection de courts-métrages, ne nous restera pas plus en mémoire.

Bilal, d’Ayman Jamal et Khurran H. Alavi

Les premières minutes du film étaient très prometteuses, pourtant ça ne l’empêche pas de sombrer dans une narration décousue qui ne permet pas aux personnages d’être incarnés. Le réalisateur s’est-il laissé impressionner par le poids de l’Histoire ? En effet, Bilal ibn Rabâh fut compagnon de Mahomet et devint même le tout premier muezzin, la pression est forte sur les épaules de Khurram H. Alavi et Ayman Jamal… Ceux qui connaissent l’histoire de l’Islam seront peut-être déçus des raccourcis empruntés et les autres ne comprendront pas l’importance de ce héros dans l’Histoire puisque le souffle épique est brisé par un scénario dilaté et que l’arrivée de nouveaux personnages est toujours inexpliquée et impromptue ou que les ellipses nuisent à la lisibilité du scénario. Par ailleurs, nombreuses sont les incompréhensions qui nous émmergent du récit : on peut citer la venue d’une armée de cavaliers blancs façon Seigneur des Anneaux absolument pas annoncée et se joignant à une poignée de combattants que l’on croyait marginaux ou alors la caractérisation des grands méchants de l’Histoire. Si les positions sont voulues très manichéennes, un parti-pris qui pourrait toujours se défendre, elles deviennent risibles quand lesdits méchants agissent sans aucune autre motivation qu’être méchants. On ajoutera aussi que ceux-ci sont trop nombreux pour qu’on puisse s’y intéresser, ce qui annihile les effets d’éventuels retournements de situation. Finalement, la barre était sûrement placée bien trop haut pour la réalisation d’un premier long-métrage…

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