Michael Bay – An Awesome Rétro (2/2)

BAD BOYS 2
USA – 2003 – 2h27

Après l’expérience Pearl Harbor et les différentes réactions qu’il a engendré, on peut comprendre que Bay désire un peu d’évolution dans sa carrière. Pearl Harbor laissait apparaître des modifications de son style, plus apte à calmer son découpage pour tenter de laisser s’exprimer longuement ses idées (ah le suivi du lâché de bombe). Mais cela s’apparentait donc plus à une réaction épidermique par rapport à des critiques récurrentes qu’un véritable désir d’évolution. Il s’agit pour lui de voir désormais un peu plus loin. Alors qu’il se met à développer ses activités de producteur en fondant sa propre boîte Platinum Dunes pour des résultats qualitativement fort moyens (pour un sympathique Massacre A La Tronçonneuse, combien d’abominables Amityville ou Hitcher ?), Bay pense qu’il conviendrait de mettre fin à sa collaboration avec le producteur Jerry Bruckheimer. Mais la séparation ne peut pas être faite en toute simplicité. Bruckheimer lui a donné sa chance et a toujours été de son côté. Il ne peut donc pas partir comme ça. Le divorce sera ainsi consommé dans la joie et la bonne humeur avec le monumental Bad Boys 2. Juste retour des choses que son dernier film (à ce jour en tout cas) avec Bruckheimer soit la suite de sa première réalisation. Un opus tardif (difficile de caler les agendas des différents participants) qui est également l’occasion pour Bay de se venger d’un premier accouchement cinématographique dans la douleur. Budgété à plus de cent millions de dollars, le réalisateur n’a désormais plus aucune contrainte et peut commettre en toute impunité son baroud d’honneur.

Crédulement, on pourrait croire que Bay ferait en sorte de corriger les erreurs scénaristiques qui se sont produites sur le premier épisode. Souffrant de multiples réécritures à cause de transfert de studio en studio, le premier Bad Boys avait dû par la force des choses se construire au gré des improvisations du duo principal. Vu les sommes en jeu, on se dit qu’un peu de préparation au niveau de l’écriture sera de la partie. Pourtant, ça n’est absolument pas le cas. Le film tente toujours de cacher la maigreur de son intrigue policière derrière une comédie vaudevillesque et l’abattage comique sans temps morts de ses acteurs principaux. Désormais bien installé dans la place, Bay fait ce qu’il veut, comme il veut. Son immense budget, il le consacre entièrement aux scènes d’actions et pas à des sessions d’écritures. Et quelles scènes d’action ! Pendant plus de deux heures, Bay va régurgiter pratiquement vingt ans de cinéma : le bullet time de Matrix, la poursuite automobile mixant Matrix Reloaded et La Relève, la destruction du bidonville de Police Story, l’attaque de la villa de Commando, les mexican standoff de John Woo, les plans séquences défiant la physique de David Fincher… Une imagerie qu’il se réapproprie et qu’il refait à sa sauce bien entendu. C’est à dire avec des idées de plans incroyables pour nous faire vivre des situations comme jamais auparavant (l’utilisation du bay buster, véhicule renforcé permettant au caméraman de foncer au beau milieu des carambolages automobiles) et des destructions live spectaculaires de composition (les voitures en CGI dans la poursuite de l’autoroute ne sont pas celles qu’on croit). Bad Boys premier du nom était plein d’astuces pour ne pas laisser transparaître la misère de la production. Bad Boys 2 ne se préoccupe plus du tout de cette question et étale sans vergogne son fric avec une arrogance complètement réjouissante. On ne sera pas étonné d’apprendre au gré des multiples documentaires du DVD que la production s’est payée une villa à deux cent cinquante mille dollars pour juste avoir le privilège de la faire exploser.

En cela, le film a quelque chose de dérangeant. Mais paradoxalement, c’est pour cela qu’il touche au chef d’oeuvre. Considérons pragmatiquement les choses. Cent trente millions de dollars, c’est une sacrée somme. Cet argent pourrait être investit dans de nobles causes pour réduire ne serait-ce qu’un peu la misère dans le monde. Mais non, ce paquet de biftons reviendra à l’industrie cinématographique. Si encore le film revendiquait une volonté purement artistique vis-à-vis de son médium ou juste de véhiculer un message à son spectateur, on n’aurait pas grand chose à dire. Sauf que Bad Boys 2 se pose uniquement en tant que grand divertissement chargé de délivrer de délicieux frissons au spectateur. Ce qui rend l’expérience ahurissante, c’est que les dits frissons prennent une taille pachydermique par rapport aux moyens investis. En ce sens, Bay livre ici sa réalisation la plus excessive. Outre sa régurgitation exceptionnelle de figure du cinéma d’action, il balance ici un humour sacrément douteux ou en tout cas plus étrange qu’à l’accoutumé. On atteint ainsi des strates insoupçonnées de l’esprit humain lorsque le bonhomme filme en gros plans des rats copulant ou montre des comédiens farfouillant à l’intérieur de cadavres.

Sur ce dernier point, le film véhicule presque une forme d’irresponsabilité complète par son mépris de la vie humaine. On ouvre donc des cadavres pour y fourrer le bras jusqu’au coude, on se balance à la gueule les dits cadavres lors d’une course poursuite, on montre des types se faire griller la cervelle face caméra, on en fait littéralement exploser d’autres. Grâce à des trucages redoutables, on a constamment cette impression de corps humains traités comme des pauvres mannequins en mousse sans aucune forme de considération. Et tout ça nous est donc soumis sans aucune forme d’argumentaire. Pearl Harbor pouvait se targuer de rendre hommage aux vétérans même si la démarche tournait parfois à l’exploitation pure et simple (voir le making of où on les force carrément à pleurer devant la caméra). Bad Boys 2 n’a lui rien à soumettre au-delà de son spectacle déviant. Et finalement, c’est ce qui en fait le chef d’œuvre de Bay. On reste captivé par l’idée qu’un homme ait pu fédérer autant de capitaux au profit d’un rejet de la bienséance sur l’autel d’une irrésistible joie instantanée. Par ailleurs, on pourra voir dans cette œuvre hors normes le dernier géant d’un certain cinéma d’action désormais devenu moribond pour ne pas dire carrément mort. Signe qui ne trompe pas : après le départ de Bay, Bruckheimer se consacrera à des productions de plus en plus calmes destinées au public enfantin. Une époque s’achève mais une autre commence.

THE ISLAND
USA – 2005 – 2h16

Volant désormais de ses propres ailes, Bay s’allie dans un partenariat entre Warner et Dreamworks pour la production de The Island. Après un définitif Bad Boys 2, la curiosité est de mise quant à savoir ce que donnera Bay sans un Bruckheimer derrière son épaule. La surprise est de taille même si celle-ci n’a pas probablement pas été appréciée à sa juste valeur en salles. The Island est un film qui mérite grandement d’être redécouvert aujourd’hui pour véritablement l’apprécier. Le grand malheur provient moins du film en lui-même que d’une communication fort mal pensée. En effet, le service marketing a eu la mauvaise idée de baser la promotion sur la révélation clôturant le premier acte. Autrement dit, l’une des surprises primordiales de l’intrigue a été carrément annihilée dès le départ (à moins de vivre en ermite et de descendre en ville une fois par semaine pour aller au cinéma). En conséquence, on ne se montre peut-être pas suffisamment attentif sur cette introduction et on attend plutôt ce rebondissement futur promettant d’être le vrai point de départ du récit. Cela est assez regrettable puisqu’à travers ses quarante-cinq premières minutes, Bay va clairement affirmer que The Island est son film de la maturité.

Le script écrit par Alex Kurtzman et Roberto Orci (Mission Impossible 3, le reboot de Star Trek) était parfait en cela. Le film prend place dans un futur proche où la population a été décimée par un virus. Les survivants sont réunis dans une société aux règles rigides et aux conformismes effrayants. L’individu n’a pas son mot à dire et doit réprimer continuellement ses émotions. La seule voie d’issue est une loterie permettant au gagnant d’accéder à l’île, dernier havre de paix sur Terre. Toutefois, il y a un mais que le héros ne tardera pas à débusquer. The Island se fait l’héritier d’une certaine tradition de science-fiction tel que Soleil Vert ou L’âge De Cristal qui, en inventant un futur imagé, traduit l’horreur du présent. The Island critique ainsi une société formatant notre quotidien, nous poussant à la tâche sans qu’on en voit la finalité et promettant un bonheur mensonger. Un scénario constitué donc de différentes remises en question et de quête identitaire, ce qui s’inscrit parfaitement dans la recherche de changement voulu par Bay. On pourrait croire qu’il n’a pas fondamentalement conscience de tout ça et qu’il s’applique à traiter à la lettre son scénario de base. Pourtant, on peut tout à fait le sentir à l’aise avec l’idée du script que ce soit par du placement publicitaire moqueur (toute société a bien besoin de sponsors) ou des matte painting bien baveux (les CGI de la première partie en sont de véritables dans la réalité du film !).

C’est principalement par ce genre de détails que The Island se pose comme son film le plus mature. A contrario, Bad Boys 2 était son film de l’immaturité. Il y enchaînait les idées de mise en scène incroyables sans autre besoin de justification que le plaisir qu’elles provoquaient. Bay se montre ici complètement attentif aux besoins de l’histoire et ce probablement pour la première fois de sa carrière. Ainsi, il a beau réutiliser un certain nombre de techniques mises au point sur ses précédents films (et tout particulièrement son précédent), celles-ci sont désormais au service du film et pas juste pour elles-mêmes. Par exemple, Bay reprend dans un passage l’idée d’une caméra à la Fincher traversant les murs et se déroulant en un long mouvement fluide. Dans Bad Boys 2, le dit mouvement se basait sur une excuse purement artificielle (la transition entre la police et les dealers de drogue) et servait surtout à caresser du regard l’affriolant postérieur de figurantes dans une boite de nuit. Le même type de mouvement est utilisé dans The Island mais avec une signification autrement plus importante. Il sert en effet à illustrer une partie de la mécanique de son univers et alimenter le propos du film (l’homme est l’architecte de sa propre destruction). Généralement, les personnes avouant apprécier la première partie disent désenchanter dans la seconde. Celle-ci est souvent considérée comme du Michael Bay pur jus. Il est vrai que la suite fait la part belle à l’action avec son lot conséquent de course-poursuites diverses. Mais Bay ne démord pas d’une rigueur nouvellement acquise et tente de maintenir la belle tenue du film. Outre toujours une réutilisation judicieuse des techniques de son cru (la spectaculaire séquence de l’autoroute réemployant le bay buster construit sur Bad Boys 2), le réalisateur arrive ainsi à illustrer son action d’une manière quasiment lisible. Mais surtout, il ne perd pas de vue son propos humaniste (l’envie de survivre innée de chaque individu) et ce même lorsqu’il retombe dans une certaine putasserie (les personnages principaux découvrant le bonheur par le sexe). Alors certes, il y a des incohérences (ce mercenaire est myope pour ne pas voir le piège tendu au Lincoln originel ?) et des rechutes visuelles (le passage en scooter aérien où la surcharge graphique des images donne un début de migraine), Bay concilie à merveille son sens du spectacle avec un vrai propos touchant et appréciable.

Le plan final du film est un écho à celle d’ouverture. Le héros se retrouve au bout du compte sur le bateau avec la femme qu’il aime, tel qu’il l’avait rêvé au début. Par ce lien, Bay démontre comment l’esprit humain peut s’accomplir et réaliser ses rêves. Une conclusion pleine d’espoir et d’optimisme promettant de belles choses pour la suite de sa carrière. Mais ça n’est pas vraiment ce que l’on espérait qui s’est accompli.

TRANSFORMERS
USA – 2007 – 2h24

On imagine la joie qu’a dû connaître Bay lorsque Steven Spielberg l’a appelé pour lui proposer de réaliser sa toute nouvelle production. On imagine également sans peine son désappointement lorsque le réalisateur de Jurassic Park lui dit que le projet en question est une adaptation live de Transformers. De son propre aveu, Bay n’aurait jamais porté la moindre considération au projet si ce n’était pas Spielberg qui le lui avait proposé. En soit, qui pouvait croire que cette entreprise arriverait à déboucher sur un film viable ? Pourtant, Bay se laissera séduire par l’univers en découvrant toute la mythologie qui la sous-tend. En soit, on peut bien se demander pourquoi, tant le background déployé dans le long-métrage est puéril au possible et dénué du moindre intérêt dramaturgique (la nullité effarante des dialogues octroyés aux méchas serait-elle la seule explication à ce rejet ?). Est-ce véritablement cela qui a motivé Bay dans l’entreprise ? Crédulement, on pourrait considérer que l’homme qui se veut le fils spirituel de James Cameron souhaiterait par là faire un hommage gigantesque à l’animation asiatique et son lot de combattants robotiques géants. C’est pourtant difficile à croire à l’écoute du commentaire audio du bonhomme. Bay avance timidement la référence au début comme si il voulait se donner bonne conscience mais ne mentionnera jamais plus le sujet. Le propos semble plus refléter une formation sur le tas qu’une passion l’animant depuis sa prime jeunesse. Mais bon, après tout c’est peut-être juste l’idée de montrer des robots géants se boxant dessus qui a pu l’intéresser. Parce que même si il n’a pas les bonnes références en main, ce genre de truc est parfaitement dans ses cordes.

Sauf que c’est le drame prévisible de ce premier opus : les robots sont trop peu mis en avant. Il nous faudra attendre le tout dernier acte pour voir le film attendu depuis la première minute. Qu’aura fait Bay pendant tout ce temps ? Il nous montrera les déboires amoureux d’un ado, une bande de militaire crapahutant dans le désert et des membres du gouvernement s’arrachant les cheveux devant des évènements qu’ils ne comprennent pas. Ce que ne comprendra pas le spectateur c’est pourquoi on a besoin de passer si longuement par tout ça pour arriver au cœur du film. Bay justifie toutefois cette démarche en déclarant que Transformers est perçu par le grand public comme quelque chose de tellement infantile qu’il se devait de l’inscrire dans un contexte réaliste pour faire fonctionner le film. En soit, Bay n’a pas complètement tort mais c’est la mise en œuvre de sa démarche qui pose problème. Chez lui, le réalisme se traduit donc par l’intervention de l’armée pour montrer que la menace est sérieuse et par le personnage d’un héros adolescent ordinaire pour aider le public à s’identifier à ses aventures.

La peur d’un rejet du grand public était compréhensible mais les moyens utilisés prêtent à confusion (Michael, on sait que t’es pote avec le Pentagone mais vraiment, le recours à l’armée c’était nécessaire ?). Pourtant, cette mise en œuvre problématique conduit également à de vraies belles qualités. C’est bien sûr le cas du design incroyables des robots et de leurs impressionnantes transformations qui refusent tout côté fantaisiste (pas de Mégatron se changeant en un nonsensique pistolet) au profit d’une vélocité saisissante. Et il y a donc la dernière demi-heure de destruction massive complètement ahurissante. Poursuivant son numéro d’équilibriste entre frénésie visuelle par une overdose d’explosions diverses et tentative de lisibilité de l’action, Bay conçoit un climax stupéfiant de brutalité malgré quelques cafouillages du fait de la recherche du dit équilibre (un long mouvement circulaire est amorcé lors du combat avec le petit robot mais est interrompu avant qu’un seul 360° soit exécuté). Là encore son goût pour les cascades live fait des merveilles et les multiples cataclysmes de ce final décrit par moult images stupéfiantes sont un pur bonheur à suivre. En conséquence, la déception est rapidement ravalée et on attendait avec impatience la suite promise par une conclusion ouverte. Mon dieu, si on avait su…

TRANSFORMERS 2
USA – 2001 – 3h03

Lorsqu’apparaît sur la toile la bande annonce de Transformers 2, on ose à peine y croire. On voit pleins de robots à chaque coin de plan et la promesse d’un grand nombre de séquences de destruction les impliquant. Le résultat promet d’être pharaonique et d’aboutir à tout ce que le premier film avait loupé. C’est plein d’excitation qu’on entre dans la salle… et de colère que l’on en sort. Si cette suite se veut beaucoup plus grande que son aîné, c’est surtout par sa volonté d’en accentuer tous les défauts et surtout pas les qualités. On s’attendait à voir un incroyable spectacle pyrotechnique et on récolte une sorte d’horreur filmique irrécupérable comme jamais Bay ne nous en avait livré.

Il y a bien sûr un problème de confection qui se situe à la base même du projet. Lorsque la production se met en branle, une grève des scénaristes est sur le point d’être lancée. Les scénaristes du premier opus, Orci et Kurtzman, sont donc indisponibles et c’est Bay qui va tracer lui-même les grandes lignes de l’histoire. Par la suite, Ehren Kruger (un Arlington Road et puis s’en va) interviendra pour confectionner le script final. La mise en place n’est pas très harmonieuse surtout que le studio met la pression en fixant d’office une date de sortie. Cette impression de confection en précipitation va déteindre sur le produit final. Transformers 2 part dans tous les sens pour aboutir aux proportions excentriques les plus embarrassantes. Sur le premier film, Bay avait suivi le conseil de Spielberg consistant à minimiser les apparitions de CGI. Lorsque ceux-ci apparaissent, ils s’avèrent ainsi plus impressionnants aux yeux du spectateur. Bien qu’il affectionne les effets à même le plateau, Bay s’avouera frustré par une telle orientation et s’était promis de se lâcher sur le second opus. Il tient ici parole puisqu’on récolte une quantité astronomique de personnages robotiques. On aurait dû s’enthousiasmer par rapport à cela, étant donné la déception causée par le film originel sur ce point. Or Spielberg s’avérait on ne peut plus dans le vrai. Devant une telle débauche de méchas, le spectateur devient complètement blasé et ne s’en enthousiasme plus guère. Tout ceci vire à la banalité, chaque nouveau robot n’arrivant pas forcément à se montrer plus incroyable que son prédécesseur. C’est là l’horrible constat : Transformers 2 bande mou et s’avère être le premier film ennuyeux de Michael Bay. On s’emmerde sec devant une exécution de gros moyens outranciers mais qui finalement n’a strictement aucune inventivité et ne revendique jamais ses excès comme un accomplissement sensitif.

Il faut dire que la mise en scène a véritablement ici le cul entre deux chaises. Pendant pratiquement tout le film, Bay semble avoir définitivement abandonné le côté hystérique de ses précédentes réalisations. Il cherche clairement à marcher sur les traces de son producteur en atteignant le stade ultime de son évolution, à savoir construire une action à la fois précise à suivre et excitante à vivre. Les intentions de Bay sont honorables et après tout il veut clairement bien faire (voir la citation à Gremlins avec ses petits robots complètement fous dans la cuisine). Mais un détail a été omis : ça n’est pas lui. Le film pâtit de cette quête visuelle n’aboutissant à rien de concluant. Aux cadrages over-the-top et aux mouvements de caméras azimutés se succèdent des plans d’une grande platitude assénés par un montage incroyablement mollasson (la si prometteuse ouverture à Shanghai est un désastre en ce sens). Tout comme le premier film, il faudra attendre le dernier acte pour retrouver un peu du Bay qu’on adore et qui fait des trucs ahurissants avec sa caméra pendant que plein de trucs explosent partout. Malheureusement entre temps, on se sera complètement coupé de cet abrutissement cinématographique aucunement jubilatoire. Il faut dire qu’après nous avoir montré les vannes pas drôles de jumeaux robotiques (des sortes de cousins germains de Jar-Jar Binks), un papy mécha péteur, un robot nain s’astiquant le manche sur la jambe de Megan Fox et les couilles géantes d’un monstre mécanique, on aura difficilement voulu rester accroché à un tel film.

Aujourd’hui, Bay et son équipe ont reconnu (au moins partiellement) l’échec de ce second opus. Lorsque la production du troisième opus est lancée, Bay rassure en garantissant que son film sera certifié sans humour à la con (cela veut dire que sa mutation sera enfin achevée ?). On croise les doigts pour qu’il y ait du vrai derrière ce qui restent des discours promotionnels. En tout cas, on aurait largement préféré que le réalisateur se lance dans la réalisation de Pain and Gain tel qu’il l’avait envisagé. Voilà pratiquement dix ans qu’il traîne ce projet dans ses cartons. L’histoire tourne autour d’un gang de culturistes accros aux stéroïdes, demeurés et ultraviolents qui pratiquent le kidnapping et le racket de riches entrepreneurs. Pour Bay, il s’agira de faire un film intimiste sans grosse scène d’action. Voilà qui serait une première pour lui qui (à quelques variantes près) n’est jamais sortie du cadre du cinéma d’action pétaradant. Il souhaiterait avec cette comédie noire exprimer tout son amour pour le cinéma des frères Coen qu’il adore (il leur piquera au fil des années plusieurs acteurs comme Steve Buscemi, John Turturro et dernièrement Frances McDormand). On espère que Pain and Gain verra le jour afin de savourer les autres envies de cinéma du réalisateur de Bad Boys. Ça sera peut-être le cas très prochainement au regard de ses dernières déclarations. A l’époque de Pearl Harbor, Bay affirmait adorer travailler sous pression sur des projets de grande envergure. Aujourd’hui, il a la quarantaine bien tassée et avoue commencer à s’ennuyer de se consacrer entièrement au cinéma d’action auquel il restera à jamais assimilé. En attendant que souffle le vent du changement, le Pollock du septième art rassure néanmoins qu’il continuera à satisfaire ses fans et à irriter ses détracteurs comme il le fait si bien depuis une quinzaine d’années.

TRANSFORMERS 3
USA – 2011 – 2h30

On prend les mêmes et on recommence. Deux ans après un épisode pour le moins calamiteux, Michael Bay ne change pas vraiment sa formule pour cette nouvelle plongée dans l’univers des Transformers. En dépit d’une 3D brillante qui mettra tout le monde d’accord, les fans et les détracteurs du réalisateur vont camper sur leurs positions.

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2 Comments

  • Selon moi, The Island est le meilleur Bay que j'ai jusqu'à présent, c'est comme tu le dis, le film de la maturité. Plus posé, plus réfléchit, il offre aux publics une première partie vraiment passionnante, avant que l'action ne débute réellement. Et lorsque celle-ci arrive, c'est juste incroyable : la poursuite sur l'auto route est un très grand moment et est appuyée par la réalisation franchement sublime du réalisateur. Alors si le cinéaste se présente plus comme un artisan que comme un vrai artiste (il se contente de refaire tout ce qui a déjà été fait), il le refait bien !

    J'ai revu Transformers hier et je me fais le deux aujourd'hui avant le trois demain, et je pense globalement pareil que toi. Les scènes d'action m'ont pas mal déçu, les robots ne sont pas assez présents et hormis la spectaculaire séquence finale, je n'en retiens aucune. La réalisation de bay m'a déçu aussi, beaucoup moins fluide et impressionnante que dans The Island. Dans The Island, les scènes d'action sont moins nombreuses, mais elles sont plus percutantes. Quant au deux, j'avais été déçu, mais je lui donne une autre chance aujourd'hui.

  • XENOCROSS Says

    excellent dossier mais que du frisson, Rock est aussi son second meilleur film, pourquoi? Parce qu’il a un propos et un casting à diriger, l’un des rares bruckheimer qui soit accessible et pas trop démago (sans compter le score de hans zimmer.) Mathieu, tu as oublié un aspect dans le dossier (que j’avais signalé dans mon blog fermé depuis.) l’utilisation du gore chez Bay à partir de Pearl Harbor était les signes avant-coureurs d’une autre facette qui s’appelera platinum Dunes et déteindra sur la suite de sa carrière, Bad Boys 2 et son humour noir, la cruauté des armes de capture dans the island, le sort des soldats dans les TFs 1 et 2, le plan apocalyptique mais bâclé du métro dans l’invasion de chicago, c’est pourquoi je penses que pain and gain risque de quand même garder cette patte, quand on regardes le boulot des Coen, ils font pas dans la dentelle, et une question se pose, et si michael quand il se cherches était justement coincé entre son mentor Cameron et le style plus calme des réalisateurs d’auteurs (Coen, spielberg)? Je penses surtout que Bruckheimer a vu en michael Bay un nouveau Tony Scott et ce que ça pouvait représenter comme opportunité. Et toujours pour les signes avant-coureurs, la soirée précédant la mission dans armageddon montrait déjà que Bay s’emmerdes sec sur les séquences de ce genre avant pearl harbor (bien que le passage affleck/Tyler est assez bon.) Et je finirais ma critique sur TF: la partie robots est certes assez faible mais bien présente dans les trois films avant le climax, je penses à la monstrueuse poursuite dans TF3 ou tout simplement la scène de la forêt dans le 2, seul « défaut »: plus encore dans le 2 et 3 (ehren kruger à la palce du duo kurtzman/orci obliges.) certaines séquences d’action n’ont aucun autre intérêt que le plaisir des yeux: alice dans le 2 et surtout l’introduction des nouveaux robots dans TF3 au moyen-orient. et le problème de Bay sur les TF est un problème toujours pas réglé au niveau partage live/CGI des véhicules, plus simple de filmer les véhicules mais on sent un manque de présence sur certains (Whitwicky qui leur parles sous leur forme véhicule) quui personnellement me déranges un peu (pourquoi sentinel qui est censé être un vétéran ne donnes pas d’ordre auxautobots sur l’autoroute?)

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