Hallucinations collectives 2014 – Le programme

Chaque année, c’est toujours pareil dans notre belle ville de Lyon : une fois le programme révélé, c’est toujours un enfer de patienter et de compter les jours ! A l’heure où nous écrivons ces lignes, il reste encore un peu moins de trois semaines avant la 7ème édition du festival Hallucinations Collectives. Du 16 au 21 avril 2014, notre marathon annuel reprendra donc de plus belle et enfilera ses plus beaux habits pour fêter le cinéma bis, sous la houlette de son maestro Cyril Despontin, des nombreux bénévoles de l’association ZoneBis et de l’équipe du cinéma Comoedia. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces six jours vont nous offrir un menu en tous points gargantuesque, avec de nombreuses thématiques orientées sur le cinéma de quartier, une nouvelle carte blanche offerte à un nouveau réalisateur (après Nicolas Boukhrief l’année dernière, c’est au tour de Pascal Laugier), un hommage à la célèbre compagnie Empire International Pictures, des rétrospectives, des avant-premières en veux-tu en-voilà, et plein d’autres surprises… Nous serons évidemment là-bas durant toute la durée du festival, afin de couvrir l’intégralité des projections et de récolter autant de témoignages que possible sur l’évolution de ce festival jouissif. En attendant, histoire de faire monter un peu votre niveau de pulsations cardiaques, place au programme !


Young Detective Dee : Rise of the Sea Dragon (Tsui Hark)

LONGS-METRAGES EN COMPETITION

Young Detective Dee : Rise of the Sea Dragon de Tsui Hark (Chine) : Une préquelle en guise de film d’ouverture, et pas n’importe laquelle : celle du blockbuster Detective Dee de Tsui Hark, ici centrée sur le parcours initiatique du jeune héros interprété par Andy Lau dans le premier film. Si les derniers films de Tsui Hark ne nous avaient pas forcément emballé (notamment le brouillon Dragon Gate), les premières rumeurs annoncent un film-somme magistral et totalement fou de la carrière du cinéaste hongkongais. Avec un génie pareil, on est déjà habitué à en prendre plein les mirettes. On attend de voir…
Aux yeux des vivants de Julien Maury & Alexandre Bustillo (France) : Après A l’intérieur et Livide, la paire Maury/Bustillo revient avec un mélange audacieux de drame adolescent et de choc horrifique. Au vu des premières images, on sent venir une version hardcore de Stand by me, mais de la part d’un tandem de réalisateurs aussi surdoués et amoureux du genre, on ne se doute pas qu’il y aura quelque chose de plus…
Shield of straw de Takashi Miike (Japon) : Pour la petite histoire, il s’agissait du film le moins aimé de la sélection cannoise de 2013. A croire que, pour certains, le pur thriller d’action n’aurait pas sa place sur la Croisette. Laissons-les râler dans leur coin : loin du simple actionner intense qu’il réussit déjà à incarner, le dernier film du cinglé Takashi Miike (Audition) prend surtout le pouls de la société économique japonaise avec une énergie interne souvent inouïe. De quoi mettre les nerfs des visiteurs du festival à rude épreuve…
The Double de Richard Ayoade (Royaume-Uni) : Après l’inégal Submarine, Richard Ayoade s’essaie au fantastique en confrontant Marc Zuckerberg… euh pardon, Jesse Eisenberg à son double maléfique. Rien de bien enthousiasmant à première vue, d’autant que le thème semble avoir été épuisé depuis déjà bien longtemps. Mais bon, on ne sait jamais…
R100 de Hitoshi Matsumoto (Japon) : Il faut croire que la totalité de la filmographie d’Hitoshi Matsumoto est destinée à investir la compétition des Hallucinations Collectives chaque année. Après trois films déjà bien barrés, le cinéaste japonais poursuit sa route dans le surréalisme le plus dingo après un Saya Zamuraï relativement sage. Amateurs du réalisme le plus total ou allergiques au cinoche 100% zarbi, fuyez séance tenante ! Les autres, n’hésitez pas !
Au nom du fils de Vincent Lannoo (Belgique) : Un revenge-movie du Plat Pays, concernant les affaires de pédophilie au sein du milieu catholique, avec le réalisateur du bizarroïde Strass aux commandes ?!? On sent d’ores et déjà venir le film coup de poing, trash au possible, en tout cas suffisamment subversif pour que nos amis de l’autre côté des Ardennes nous prouvent à quel point ils n’ont pas peur de se frotter à des sujets chocs !
The Badabook de Jennifer Kent (Australie) : A priori, on serait face à un prolongement d’un court-métrage de la réalisatrice Jennifer Kent, ici axé sur le thème du fantôme et visiblement riche en montées de trouille bien glaçantes. Comme d’habitude, on est client…

LONGS-METRAGES HORS COMPETITION

Paranormal Bad Trip 3D de Frédéric Grousset (France) : Ni plus ni moins que le premier found-footage en 3D stéréoscopique au monde, et ça suffit amplement pour nous allécher. Humour potache, immersion totale et conjonctivites garanties !
Super 8 Madness de Fabrice Blin (France) : Diffusé en présence de Jean-Pierre Putters, ce documentaire reviendra du premier festival dédié au cinoche bis tourné en Super 8, créé dans les années 80 par l’équipe du magazine Mad Movies. Le genre de documentaire qui, on s’en doute déjà, sentira bon l’amour de la pellicule 8mm, le suédage hardcore et la débrouille par des amoureux du cinéma de genre. Très prometteur, en tout cas.
Goal of the dead de Benjamin Rocher & Thierry Poiraud (France) : Une moitié des réalisateurs de La horde et une moitié des réalisateurs d’Atomik Circus pour un film mêlant football et zombies, le tout sous la forme d’un double-programme chargé de sang qui gicle et de répliques qui dribblent : les premières rumeurs parlent d’un choc sans équivalent dans le cinéma d’horreur français, voire de la seule comédie zombiesque capable de rivaliser avec Shaun of the dead. De quoi transformer cette séance de clôture en un gigantesque bordel. C’est en tout cas, et de très loin, notre plus grosse attente du festival !


Goal of the dead (Benjamin Rocher & Thierry Poiraud)

COURTS-METRAGES EN COMPETITION

Gregory Go Boom de Janicza Bravo (Etats-Unis)
Jeu de l’inconscient de Chris Landreth (Canada)
L’ouragan Fuck You Tabarnak d’Ara Ball (Canada)
Middle de Soichi Umezawa (Japon)
Nectar de Lucile Hadzihalilovic (France)
Rough Trade de Drew Lint (Canada)
The Obvious Child de Stephen Irwin (Royaume-Uni)
Unicorn Blood d’Alberto Vazquez (Espagne)

COURTS-METRAGES HORS COMPETITION

Eve d’Eric Gandois (France)
La permission de Joyce A. Nashawati (France)
Lights Out de David F. Sandberg (Suède)
On/Off de Thierry Lorenzi (France)
Speed Fucking de François Vieux (France)


Terror Vision (Ted Nicolaou)

THEMATIQUE « EMPIRE CONTRE-ATTAQUE »

Dolls de Stuart Gordon (Etats-Unis) : Même s’ils ne sont pas tous du même niveau qualitatif, les films de Stuart Gordon ont en commun une approche subtile et originale du genre horrifique. Et celui-ci, sorte de conte de fées cauchemardesque pour adultes, ne déroge pas à la règle. Le genre de redécouverte qui fait très plaisir !
Fou à tuer de David Schmoeller (Etats-Unis) : Le réalisateur de Tourist Trap joue ici la carte du voyeurisme morbide et dérangeant, avec un Klaus Kinski qui n’a jamais eu besoin de se forcer pour donner l’impression d’avoir un grain dans la tête. Deux cinglés pour le prix d’un ? On signe où ?
Terror Vision de Ted Nicolaou (Etats-Unis) : C’est fou le nombre de globes oculaires que l’on peut voir dans la bande-annonce de cette rareté bis, réputée pour être un festival non-stop de mauvais goût assumé ! Bizarrement, ça nous rappelle surtout une production Troma mixée avec le genre de sitcom KD2A bien débile que l’on regardait souvent le samedi matin au lieu de faire les devoirs du week-end, en rigolant grassement comme des cons. Si le résultat s’avère à la hauteur de ce mélange, ça risque de faire du bruit.


Les Guerriers de la nuit (Walter Hill)

THEMATIQUE « NEW-YORK, JUNGLE URBAINE »

Fort Bronx de Robert Butler (Etats-Unis) : Un polar sombre qui sera pour nous une vraie découverte. Le festival annonce un film frénétique dans les rues de la Grande Pomme sur fond de corruption policière, à la fois immersif et brut de décoffrage. Et comme c’est une rareté…
Les Guerriers de la nuit de Walter Hill (Etats-Unis) : Est-il nécessaire de présenter à nouveau le film culte de Walter Hill ? Est-il nécessaire d’évoquer une fois de plus sa peinture hardcore et subversive du monde de la rue ? Est-il nécessaire de revenir sur sa bande-son mythique ? Est-il nécessaire de préciser que sa violence stylisée en fait encore aujourd’hui l’une des rares films subversifs des années 70 à être considérés comme infilmables aujourd’hui ? Non, tout cela est inutile. La seule chose qui compte, c’est de le (re)voir sur grand écran.
Vigilante de William Lustig (Etats-Unis) : Le père de Maniac donne à son film le nom d’un genre polémique, à la fois approche radicale de la loi du Talion et instrument de subversion absolu sur le thème de la violence urbaine. Ici, comme avec l’excellent Death sentence, l’heure est au malaise et au réalisme le plus solide, prompt à refléter autant que possible le monde de la rue. Couillu.
Wolfen de Michael Wadleigh (Etats-Unis) : Film de loup-garou plutôt culte mais hélas un peu trop méconnu, sans doute parce que Joe Dante et John Landis étaient déjà passés par là avec les résultats que l’on connait. Mais celui-ci inscrit le thème de la lycanthropie dans le registre du commentaire sociopolitique, ce qui l’inscrit à merveille dans cette thématique de la jungle urbaine. Le revoir sur grand écran sera à coup sûr un des événements du festival.

SOIREE « NEW-YORK TRASH »

Street Trash de Jim Muro (Etats-Unis) : C’est le genre de film tellement drôle et dégueulasse qu’on en sort avec l’impression de s’être coincé la tête dans une cuvette bouchée. Pas un reproche, bien au contraire, mais on peut se rassurer de n’avoir jamais pu le voir en Odorama ! Ouf, ce ne sera à nouveau pas le cas ici. Du coup, on en reprendra volontiers une dose !
Frankenhooker de Frank Henenlotter (Etats-Unis) : Du sexe, du latex, du gore, des putes, de l’humour débile, des trucages à l’ancienne et des coupes de cheveux pas possibles : le film culte de ce grand taré de Frank Henenlotter nous sera servi sur plateau d’argent en soirée durant le festival. Pièces de rechange non disponibles, tout est sur l’écran !


Le Locataire (Roman Polanski)

CARTE BLANCHE A PASCAL LAUGIER

Ces garçons qui venaient du Brésil de Franklin J. Schaffner (Etats-Unis/Royaume-Uni) : Pourquoi ce film du réalisateur de Patton et de La planète des singes reste-t-il encore moins connu que les autres ? On compte bien évidemment sur Pascal Laugier pour nous donner sa version des faits. Toujours est-il qu’au sein d’une époque triste où l’âge d’or d’Hollywood débutait sa chute, un film aussi adulte et diaboliquement ambigu ne pouvait que passer incognito. Redécouverte indispensable, donc.
L’Exorciste 2, l’hérétique de John Boorman (Etats-Unis) : William Friedkin hait cette suite au plus haut point alors que la critique Pauline Kael fut la seule à la trouver plus réussie que l’original. En soi, le film de John Boorman conserve son étiquette de « film malade », considéré comme un échec commercial de premier choix, mais à travers lequel le cinéaste de Délivrance ne s’est pas privé pour injecter ses propres obsessions. Il vaut mieux que les fanatiques du film de Friedkin soient prévenus à l’avance…
Le Locataire de Roman Polanski (France) : Le chef-d’œuvre absolu de Roman Polanski, c’est ce film-là : une avalanche de terreur pure et tordue, adaptée d’un roman de Roland Topor et dont le seul objectif est de rendre son spectateur totalement fou, de son ouverture virtuose jusqu’à son terrifiant plan final. Avec, en plus de cette virtuosité, une propension à aborder le thème de l’étranger perdu dans un système dont il ne connait pas les règles et dont il découvre les hypocrisies, au risque de perdre lui-même le sens de la réalité… On ne revient déjà pas intact d’un choc pareil si on le découvre chez soi en DVD. Alors, sur grand écran, vous imaginez…

LE CABINET DE CURIOSITES

Baxter de Jérôme Bolvin (France) : Qui aurait cru que Jacques Audiard aurait sa place dans les Hallucinations Collectives ! Enfin presque, je veux dire, puisqu’il n’est que le coscénariste de cette perle rare du cinoche de genre français des années 80, centré sur un chien sociopathe et intelligent. Ambiance malsaine à l’horizon !
Le château de la pureté d’Arturo Ripstein (Mexique) : L’ancien assistant de Luis Buñuel joue ici la carte du huis clos étouffant, inspiré d’un horrible fait divers des années 50, à base de personnages gorgés de sueur et de tension sexuelle permanente. Peut-être l’objet filmique le plus cruel et le plus inattendu du festival.
Le Corrupteur de Michael Winner (Royaume-Uni) : Avant de s’essayer aux ébats sexuels violents et beurrés (Le dernier tango à Paris), Marlon Brando jouait le rôle d’un valet de chambre adepte du bondage et de la passion brutale. C’est chaud, c’est explicite, c’est avec le mythe Brando, donc c’est culte et c’est inratable.
Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème Dimension de W.D. Richter (Etats-Unis) : Une rumeur veut que ce soit grâce à ce film-ovni que Peter Weller fut approché pour le rôle de RoboCop. Peu importe que ce soit vrai ou non, le résultat suffit déjà à nous vriller les neurones : un délire total, impossible à résumer, quelque part entre une série Z bordélique, un épisode de Sliders qui part en sucette et Les aventures de Jack Burton en plus space. Gare au vertige !


Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème Dimension (W.D. Richter)

Outre cette programmation qui suffit déjà à nous mettre en joie, de nombreux autres événements sont prévus au cours du festival : des dédicaces à gogo (le journaliste Gilles Esposito et le créateur de Mad Movies Jean-Pierre Putters seront là pour dédicacer leurs livres), une soirée d’ouverture dans un bar lyonnais, une Game Jam (création de jeux vidéos en 24 heures) renouvelée suite au succès de l’année dernière, une table ronde autour de l’écrivain Hubert Selby Jr (avec projection d’un documentaire qui lui est consacré) et plein d’autres choses dont nous ne manquerons de vous parler après le festival… Allez, encore un peu moins de trois semaines à patienter… En attendant, rien de mieux que de mater cette bande-annonce du festival, qui envoie déjà du très, très lourd !

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