Annecy 2021 : Le programme

Plus il se concrétise, plus le monde d’après risque de ressembler au monde d’avant. Par certains aspects, on ne s’en plaindra pas. Voir le festival d’Annecy se tenir de nouveau physiquement et pouvoir dignement célébrer le cinéma d’animation a de quoi mettre en joie. Voilà plus d’un an que la vie fonctionne au ralenti avec la crise sanitaire et après le faux espoir de l’été dernier, les choses commencent aujourd’hui à se remettre en route. Et il est naturel de voir Annecy en première ligne de la reprise des festivités. Soucieux de ne pas lâcher ses fidèles, le festival avait pris à cœur de proposer une version en ligne de son édition 2020. En dépit d’inévitables restrictions sur le contenu, le format fut une réussite permettant de maintenir l’enthousiasme du partage et de la découverte. Cette édition 2021 montre une même attention envers son public. Car si le festival se déroulera bien dans la vraie vie avec de vrais gens, il proposera de nouveau cette année un format online. La passion n’aveugle pas et il est ainsi bien pris en compte la réalité de la situation qui va certainement freiner l’affluence du public cette année. A Courte-focale.fr, on ne peut que saluer l’initiative de cette édition hybride puisque nous ne pourrons malheureusement pas faire le déplacement cette année. En tant qu’équipe jeune et en bonne santé, nous ne pourrons pas avoir l’assurance d’être vacciné avant le début du festival. Ne pouvant faire courir de risque pour nous et les autres, c’est de nouveau depuis chez nous que nous suivrons le festival pour une couverture exceptionnellement plus réduite. En effet, contrairement à l’année dernière, les films ne seront pas proposés en ligne hors de quelques exceptions et des programmes spéciaux. En conséquence, nous risquons surtout de vous parler cette année des WIP et autres conférences. En compensation, nous vous proposons de faire ici un tour d’horizon des long-métrages proposés en compétition.

Compétition officielle

Hayop Ka! The Nimfa Dimaano Story (Avid Liongoren – Philippines) : Tous les ans, il faut rappeler que l’animation n’est pas réservée qu’aux enfants. Et tous les ans, il y a un film pour soutenir ce propos. Le rôle est dévolu cette année au long-métrage d’Avid Liongoren dont l’anthropomorphisme se met au service de problèmes sentimentaux adultes. Enfin, ça ne l’empêche pas de s’annoncer aussi comme une comédie délirante et particulièrement drôle.

Flee – Jonas Poher Rasmussen (Danemark, France, Norvège, Suède) : Depuis Valse Avec Bachir, il devient de moins en moins étonnant de voir des documentaires recourir à une forme animée. C’est donc le cas de ce témoignage d’un homme et de son périple dramatique de l’Afghanistan au Danemark. Le film d’Ari Folman avait montré tout l’intérêt d’évoquer par l’animation des souvenirs jusqu’alors refoulés. On espère que le film de Rasmussen saura atteindre une émotion analogue bien que sa bande annonce semble dévoiler une animation plus limitée.

La Traversée – Florence Miailhe (Allemagne, France et République tchèque) : Pour son premier long-métrage, Florence Miailhe choisit un sujet similaire en contant le parcours d’une famille fuyant son pays. Toutefois, à l’authenticité de l’histoire vraie, elle préfère viser l’universalité du conte. Cela se traduit notamment par une animation réalisée en peinture sur verre qui s’annonce sublime.

Jiang Ziya : The Legend Of Deification (Wei Li et Teng Cheng – Chine) : La Chine ne met toujours pas un frein pour remettre au gout du jour ses histoires mythologiques et ainsi les faire partager au plus grand nombre. C’est ici le cas des aventures fantastiques du stratège Jiang Ziya. Cela annonce une nouvelle fois un grand spectacle coloré qui cherche à en mettre plein les mirettes.

Lion Dance Boy (S. Hamilton – Chine) : Ajout de dernière minute à la compétition, cette production semble suivre un même chemin en se constituant une comédie dramatique autour des fameuses danses du lion.

Josée, Le Tigre Et Les Poissons (Kotaro Tamura – Japon) : Il s’agit probablement d’un des films les plus attendus de la sélection. Derrière son argument classique d’une rencontre incongru (en l’occurrence entre une paraplégique et un étudiant en biologie marine), il se dessine l’exemple d’une animation capable d’en faire ressortir toute la force mélodramatique. C’est en tout cas ce que promet sa bande annonce.

Lamya’s Poem (Alex Kronemer – Canada et États-Unis) : On affichera moins de confiance envers le film d’Alex Kronemer. La faute en revient à la diffusion l’année dernière d’un WIP promotionnel peu encourageant. Son sujet lorgnant un peu trop du côté de Parvana et une animation s’annonçant peu convaincante ne mettaient guère en confiance. On espère que les retours sur place donneront un autre son de cloche.

Ma famille Afghane (Michaela Pavlatova – République tchèque et France) : On ne dispose guère d’informations sur le nouveau film de Michaela Pavlatova si ce n’est que son titre nous annonce un nouveau cas de chronique familiale. Au-delà des possibilités du genre, on retiendra surtout de son résumé le descriptif de ses personnages qui semble promettre un traitement de l’Afghanistan post-taliban évitant les clichés.

The Deer King (Masashi Ando et Masayuki Miyaji – Japon) : Là aussi peu d’informations circulent sur le film et sa courte bande annonce ne propose pas grand-chose à se mettre sous la dent. On peut toutefois affirmer une curiosité de la part du travail de ses deux réalisateurs dont la carrière est ponctuée d’œuvres comme Paprika, Le Voyage De Chihiro, Le Conte De La Princesse Kaguya et L’Attaque Des Titans.

Poupelle Of Chimney Town (Yusuke Hirota – 2020) : La vision de la bande annonce ne laisse guère de doute. Le fameux Studio 4°C a encore fait des merveilles et leur dernière production s’annonce tout à la fois magnifique et spectaculaire. Reste à savoir comme souvent avec ce genre d’œuvre au style visuel foisonnant si le scénario saura suivre.

Rotzbub (Marcus Rosenmuller et Santiago Lopez Jover – Allemagne et Autriche) : Si l’adolescence s’accompagne de transformations disgracieuses, Rotzbub semble prendre à cœur cet aspect dans son visuel. Son animation 3D nous plonge en pleine uncanny valley et on peut espérer que cela participe à l’identité de l’œuvre autour des traditionnels premiers amours et révoltes contre l’autorité.

The Ape Star (Linda Hamback – Suède, Norvège et Danemark) : La cohabitation des êtres humains et des animaux a souvent été une façon détournée de pouvoir parler de la tolérance et de partage avec l’autre. Cela semble être le cas de cette histoire où une fille est adoptée par une gorille.

Sélection Contrechamps

Archipel (Félix Dufour-Laperrière – Canada) : Félix Dufour-Laperrière était venu présenter Ville Neuve il y a deux ans déjà dans la sélection Contrechamp. Il était assez logique de le voir revenir pour son nouveau long-métrage qui s’annonce dans la même veine d’expérimentation politique. Et comme son précédent film, le résultat risque d’être clivant.

Absolute Denial (Ryan Braund – Royaume-Uni) : Il est risqué de s’aventurer sur un thème aussi usité que l’intelligence artificielle. A défaut de laisser transparaître une réflexion originale, la bande annonce du film de Ryan Braund semble promettre une beau trip paranoïaque alimenté par la singularité de son animation. A surveiller.

Bob Cuspe – Nos Nao Gostamos De Gente (César Cabral – Brésil) : On ne sait pas grand-chose sur ce film en stop-motion si ce n’est son pitch annonçant un spectacle méta et post-apocalyptique. Cela promet un spectacle punk potentiellement réjouissant indispensable au festival.

Climbing (Hye-mi Kim – Corée du Sud) : Il s’agit là encore d’un film dont les informations manquent même si son pitch parle de lui-même. Apprenant qu’elle est enceinte, une alpiniste cherche à poursuivre sa participation à un championnat mais reçoit des textos d’une version d’elle-même d’un monde parallèle. Le mélange de drame intime et de fantastique semble prometteur et il n’y a qu’à espérer que le résultat soit à la hauteur.

Le Mont Fuji Vu D’Un Train En Marche (Pierre Hébert – Canada) : Vous aurez compris à la lecture du titre qu’il s’agit d’un autre représentant inévitable à chaque édition. Il s’agit bien évidemment du trip expérimental se refusant à toutes les conventions. Pierre Hébert nous promet une méditation poétique inspirée par ses voyages au Japon. Fumisterie ou véritable proposition de cinéma, il faudra naturellement s’y frotter pour savoir.

Chicken Of The Mound (Xi Chen – Allemagne et Chine) : Il faudra certainement aussi ouvrir ses chakras avant de pénétrer dans ce film de Xi Chen. Sa bande annonce sans accompagnement musical mais avec des bruitages à la bouche enchaîne les visions robotiques étranges dont on se demande comment elles sont censées se lier les unes aux autres. Forcément, ça intrigue.

City Of Lost Things (Chih-Yen Yee – Taiwan) : Sur une trame classique de découverte d’un monde caché, Chih-yen Yee propose lui une certaine originalité en choisissant de mettre en scène… des sacs plastiques. Saugrenue, l’idée rend cependant curieux d’autant plus que les rapides images de la bande annonce sont loin d’être déplaisantes.

Cryptozoo (Dash Shaw – États-Unis) : On espère aussi que le film de Dash Shaw saura s’en sortir avec son pitch même si les choses semblent mal engagées. Avec son zoo peuplé de créatures mythiques, le long-métrage semble vouloir interroger les engagements écologiques et les compromis auxquels ceux-ci peuvent se soumettre. Reste à savoir si cette proposition plus appropriée à un court-métrage saura se développer sur un long.

Meu Tio José (Ducca Rios – Brésil) : On termine cette sélection avec le film de Ducca Rios dont l’introduction est disponible sur la toile, annonçant un mélange de drame familial et politique avec une certaine identité visuelle.

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